Publié le Mardi 30 janvier 2018 à 20h13.

La réforme du bac facilite la sélection à l’université

Le gouvernement surfe sur l’idée qu’il y aurait 80 % d’échec en première année (L1) à l’université. C’est un mensonge : il est vrai que 80 % des étudiantEs de L1 ne continuent pas en L2, mais c’est souvent pour faire d’autres études. En revanche, 80 % des jeunes qui entrent dans l’enseignement supérieur en sortent avec un diplôme. Voilà ce que le gouvernement veut détruire.

Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, continue la destruction de l’accès aux études supérieures, avec la publication du rapport Mathiot le 24 janvier. La volonté d’instaurer la sélection à l’université emprunte deux voies : Parcoursup et le nouveau bac (qui sera effectif en juin 2021, mais dont la nouvelle classe de seconde sera mise en œuvre dès septembre 2018). 

Sélection partout, justice nulle part

Chaque lycéenE de terminale doit remplir en ce moment ses vœux d’orientation dans l’enseignement supérieur (classe prépa, BTS, IUS et université) dans l’application Parcourssup, qui remplace Admission Post Bac. Ce qui est nouveau c’est que toutes les filières deviennent sélectives. 

Chaque université a mis en place des capacités d’accueil et va classer les lycéenEs en fonction de critères personnels (les attendus nationaux et les attendus locaux). Pour postuler en licence de sociologie à Montpellier, il faut avoir déjà réalisé des « études collectives et individuelles sur des faits sociaux contemporains ». C’est-à-dire qu’il faut déjà avoir un master de sociologie pour prétendre s’inscrire en L1. C’est une véritable usine à gaz ! 

Un même bac pour touTEs, un même droit à l’éducation

Le rapport Mathiot sur le nouveau bac permettra de « simplifier » Parcoursup. Le bac Mathiot augmente le nombre de voies au lycée général : de trois (S/ES/L), on passe à neuf couples de disciplines majeures (maths/physique, SES/histoire, lettres/langue, etc.), ce qui permet de mieux coller aux attendus à l’université. À l’inverse, les filières technologiques voient leurs discplines majeures réduites à 4, qui ne colleront qu’à des filières courtes (essentiellement BTS et IUT). Le problème du sureffectif à l’université est résolu en empêchant les jeunes titulaires de bac pro et bac techno d’entrer à la fac !

Mais ce n’est pas tout. Le nombre d’épreuves terminales du bac est réduit à 4. Le contrôle continu comptera dans 40 % de la note du bac et 75 % des épreuves auront eu lieu au mois d’avril de l’année de terminale. Autant de moyens pour légaliser la différence entre un « bac Henri IV » et un « bac banlieue » et pour s’assurer que les jeunes en difficulté scolaire, qui ont besoin de toute l’année de terminale pour s’en approprier le programme, se retrouvent en échec au bac.

La riposte commence à s’organiser (voir notre article pages 8-9). Une mobilisation à construire, pour exiger la fin de la sélection à l’université, de réels moyens pour étudier et enseigner dans de bonnes conditions, et l’accès à touTEs les jeunes à l’enseignement supérieur.

Raphaël Greggan