Publié le Vendredi 9 mars 2012 à 00h17.

L’école selon Sarkozy ? Non merci !

Le président-candidat est sur tous les terrains, alliant droitisation et démagogie, et l’école ne fait pas exception. À Montpellier, il a livré ses projets : ils font peur.L’ Éducation nationale a souffert pendant le quinquennat qui s’achève : plus de 60 000 suppressions de postes ; l’aide aux élèves en difficulté, la formation des enseignantEs sacrifiées ; des réformes qui réduisent l’offre d’enseignement pour les jeunes ; la perte d’une demi-journée d’école dans le primaire…À deux mois de l’échéance électorale, le président-candidat se dit qu’il lui faut des propositions positives. Sa solution : faire travailler plus les profs pour qu’ils gagnent plus. Mais, une fois encore, c’est un marché de dupes : celles et ceux qui seraient volontaires devraient travailler 45 % d’heures en plus (26 au lieu de 18) pour un gain salarial de 20 % ! C’est de la pure escroquerie. Sarkozy escompte que certains seront tentés pour limiter un peu leur perte de pouvoir d’achat. Une bonne occasion de diviser les personnels de l’Éducation. 

Dans son discours de Montpellier, il est écrit (mais pas répété à l’oral) qu’il renoncerait au non-­remplacement d’un fonctionnaire sur deux dans le primaire (sans doute en dégradant encore plus le second degré). Proposition presque dérisoire, alors que le « baby-boom » promet une forte progression du nombre d’élèves. Comme la vision sarkozyste de l’Éducation est essentiellement budgétaire, il propose en plus la bivalence (un même professeur enseignerait deux matières dans les débuts du collège) pour faire des économies. La grande majorité des enseignantEs du second degré refuse cette perspective, mais qu’importe…Sarkozy ne s’est pas contenté de se livrer à de la démagogie à bas prix. Il n’a pas oublié ses attaques contre les syndicats, accusés d’immobilisme. Il a tonné contre « le carcan de l’Éducation nationale ». Traduction : la droite cherche à casser le service public, comme elle le fait partout. Pour cela, elle a dans ses cartons l’autonomie des établissements. Le ministre Chatel prévoit l’évaluation des enseignantEs par les chefs d’établissement, ce qui a provoqué les journées de grève du 15 décembre et du 31 janvier. Sarkozy veut étendre le système au primaire et relance la vieille idée de la droite du recrutement par les chefs d’établissement, soit la destruction effective du service public.

Mais, le démolisseur ne s’attaque pas qu’aux enseignantEs. Il en veut aussi aux jeunes, à travers le collège unique qui présente certes des défauts, par manque d’aide aux élèves en difficulté. Mais ce que veut Sarkozy, c’est plus d’inégalités : il se propose d’orienter dès la 4e ceux qui ne suivent pas. En lien avec son projet de développement de l’apprentissage, il y a là une volonté claire de réduire le parcours scolaire de nombre d’élèves, souvent issus des classes populaires, c’est-à-dire de s’en débarrasser… Plutôt que d’aider les élèves en difficulté, c’est à une accentuation de la sélection sociale que l’on assisterait. 

Tous ensemble, défendre l’école publiqueFace à ce déferlement de projets réactionnaires, les propositions de François Hollande sont évidemment différentes, d’abord par la volonté affirmée de créer 60 000 postes. Mais le flou demeure sur les conditions de ces créations (prises sur d’autres secteurs de la fonction publique ?) et leur rythme, sur cinq ans, alors même qu’il y a urgence. D’autre part, le PS ne dit pas qu’il reviendra sur les mesures rétrogrades de ces dernières années et reste flou sur l’autonomie des établissements. 

Les propositions de la campagne de Philippe Poutou vont dans le sens d’une rupture claire avec les dégradations des années Sarkozy. Nous prônons la création immédiate de 100 000 postes, correspondant aux pertes enregistrées depuis 2005 et aux nécessités de l’heure. Nous nous prononçons également pour la suppression des diverses réformes qui ont dégradé le service public et l’offre d’éducation durant le quinquennat.

Pour défendre le service public, chasser Sarkozy est indispensable. Mais, pour obtenir satisfaction sur les revendications légitimes des enseignantEs, jeunes, parents, il conviendra de se mobiliser, et ce dès à présent : le ministère tente de faire passer son projet sur l’évaluation des profs avant les présidentielles. Alors, dès ce mois de mars, agissons ensemble, par la grève, contre la carte scolaire et le décret scélérat sur l’évaluation.

Robert Noirel