Alors que la très grande majorité du monde de l'éducation était en grève et en manifestation jeudi 13 janvier, Macron présentait son programme pour l’enseignement supérieur devant les présidents d'université. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il annonce un plan de casse de grande ampleur du service public de l'enseignement supérieur et de la recherche et une série d'attaques majeures.
Fier de son bilan, Macron a vanté le mérite de ses réformes. Mais la réalité est pourtant toute autre sur le terrain. S’il est aisé de créer des places sur des tableurs dans des bureaux au ministère, dans les facs, il est plus difficile d'assurer l'accueil et une formation de qualité à moyen humain et budgétaire constant. Macron n'a par ailleurs ni vu de queue devant les distributions alimentaires, ni les milliers de bacheliers sans affectations, ni la détresse des étudiantEs.
Violence libérale et mensonges
« On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants ». Si c'est cette phrase qui a été principalement reprise de son discours, c'est tant elle caractérise la violence libérale de son programme politique. Macron défend un modèle d'enseignement supérieur à l’anglo-saxonne, où les étudiantEs s'endettent pour financer leurs études, véritable cadeau aux banques et dramatique sélection sociale.
Pour tenter de justifier ses propos et son programme, Macron ment éhontément sur une série de sujet : 50% des étudiantEs seulement se présenteraient aux examens de première année (alors que le taux de passage en L2 est de 53%), la France serait le pays qui a le taux de financement public de l'ESR le plus élevé alors que plusieurs pays du Nord de l'UE notamment affichent de taux supérieurs... faible rigueur scientifique de la part du chef de l'État.
Attaque brutale contre un service public essentiel
Toutes ces propositions ne sont pas nouvelles ni surprenantes. Déjà dans les « Macronleaks », en 2017, nous découvrions le véritable programme de Macron pour l'ESR : hausse des frais d'inscription avec mise en place de crédits étudiants, élitisme, professionnalisation de l'ESR pour coller aux besoins économiques, poursuite de l'autonomie des universités, de leur mise en concurrence, casse des statuts, poursuite de la sélection...
Avec « ParcourSup », « Bienvenue en France », la future plateforme « Trouver mon Master » et bien sûr la loi de programmation de la recherche (LPR), le bilan des cinq années de Vidal et Macron est déjà bien lourd pour les étudiantEs et les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR). Le programme présenté par Macron la semaine dernière constitue une volonté de parachever une transformation libérale de l'ESR qui pourrait malheureusement être irréversible et qui constituerait une attaque brutale contre un service public essentiel.
Pour autant, si Macron n'a pas encore pu mettre en œuvre toute son entreprise de démolition de l'ESR, il n'appartient qu'à nous de construire les résistances sur nos campus, en commençant par la grève du 27 janvier et la journée de mobilisation des organisations de jeunesse le 3 février contre la sélection.