L’université du Mirail est en grève depuis maintenant plus de six semaines. Une mobilisation longue, qui témoigne de la détermination des grévistes, tant du côté des étudiantEs que du côté des personnels.
Alors que les pro-fusion s’organisent, que les partiels approchent, ce qui exerce une pression sur les étudiantEs, et que les flics menacent d’expulser les occupantEs de l’université (comme ce fut le cas à Bordeaux), la fatigue commence à peser du côté des grévistes.
Des questions en suspens
Le manque de perspectives se fait sentir, dans un contexte où par ailleurs des dates importantes pour la mobilisation approchent à grands pas. Le 14, le président de l’université, Daniel Lacroix, rencontre le jury de l’Idex (initiative d’excellence) pour défendre son projet, et le jury devrait rendre ensuite son avis samedi 17 mars. Étant donné que l’Idex est la principale « carotte » utilisée pour faire passer le coût du processus de fusion, le scénario ne serait pas le même dans le cas où celui-ci serait accordé ou au contraire refusé.
De même, le prochain conseil d’administration, prévu le mardi 20 mars, devrait trancher sur la question de sa dissolution. En effet, depuis qu’un de ses élus a été poussé à la démission, la majorité de l’actuel CA est du côté des pro-fusion. Un changement de coordonnées qui inquiète les personnels mobiliséEs qui se sont majoritairement rangés à l’avis que ce CA devait être dissous, pour que de nouvelles élections aient lieu. Ils espèrent ainsi gagner une majorité dans un futur CA, et s’assurer du retrait du projet de fusion lors du vote qui devrait avoir lieu dans les prochains mois.
Fermeture administrative
C’est dans ce contexte général que s’est tenue l’assemblée générale du mardi 6 mars, qui a réuni plus de 800 personnes et où le blocage permanent de toute l’université pour une semaine a été voté. Ce blocage, voté à une courte majorité et à laquelle s’est rallié le secteur « anti-mobilisation » de l’AG (!) exprime la volonté d’une partie importante des grévistes de vouloir pallier le manque de perspectives par des solutions plus « radicales », susceptibles de monter d’un cran dans le rapport de forces. Si la plupart des personnels mobilisés ont voté contre ce blocage, certainEs y ont vu au contraire un moyen de lutter contre les pressions qu’ils subissent de la part de l’administration ou de leurs collègues, notamment dans la scolarité et les UFR.
Daniel Lacroix a immédiatement pris la décision d’une fermeture administrative de l’université, pour tenter de saper les effets du blocage en invitant les étudiantEs à ne pas se rendre sur le campus. Finalement le blocage n’aura pas permis de faire passer un cap à la mobilisation, quand par ailleurs les anti-blocage se déchaînent sur les réseaux sociaux, à travers des pages Facebook animées par des militants d’extrême droite. Ceux-ci seront probablement présents en nombre à la prochaine AG pour tenter de mettre fin à la mobilisation.
Réussir le 22 mars
C’est pourquoi la perspective du 15 et du 22 mars peut être décisive, tant nationalement que localement, avec la convergence de plusieurs secteurs (éducation, enseignement supérieur, santé, fonction publique, Ephad, cheminotEs) qui sont tous touchés par les attaques du gouvernement. Réussies, ces dates pourraient venir rompre définitivement le sentiment de fatigue ou d’isolement du Mirail, et seraient susceptibles de faire entrer de nouvelles personnes dans la mobilisation toulousaine, renforçant le combat sur les différents plans, y compris bien sûr la lutte contre la fusion.
Marina Garrisi