Les personnels du lycée Maurice Utrillo de Stains sont mobilisés contre l’arrivée d’un gendarme au poste de proviseur adjoint.
Au mois de mai, nous avons appris que le nombre d’heures de cours allait diminuer pour la rentrée prochaine (environ 50 heures de moins par semaine) alors que le nombre d’élèves allait encore augmenter. Nous abordions dès lors cette nouvelle rentrée inquiets et fatigués de l’année précédente suite à des luttes pour conserver des postes de surveillantEs, lorsque nous avons appris l’ouverture d’un nouveau poste de proviseur adjoint dédié à la sécurité. Et c’est en recherchant nous-mêmes que nous avons su que ce poste était prévu pour un gendarme…
La grève pour être entendus
Dès lors, nous avons demandé des audiences au rectorat pour en savoir davantage, mais nous n’avons eu aucune réponse. Il ne nous restait que la grève pour faire réagir. Depuis le 5 novembre, jour de la prise de poste de ce nouveau proviseur adjoint, nous sommes entre 30 % et 50 % de grévistes. Cela a permis de faire réagir les médias et nos institutions, qui se sont déplacées pour essayer de nous donner quelques explications. Ils nous assurent que cette personne n’est plus gendarme, dès lors qu’elle a pris sa fonction, donc depuis le 5 novembre. C’est un détachement, donc officiellement, il peut réintégrer la gendarmerie dès que sa mission est terminée. Ce monsieur n’est pas formé, mais on nous assure qu’il le sera au cours des deux prochaines années.
Tout dans la répression, rien dans l’éducation
Mais surtout, il a été choisi, le directeur académique nous l’a assuré, parce qu’il est gendarme.
Et c’est bien pour cela que nous sommes en grève, pour contester cette politique : tout dans la répression, et rien dans l’éducation. Au lycée Utrillo, les élèves ont jusque-là de bons résultats, obtenus grâce à des moyens supplémentaires qui nous ont été donnés. Mais au fil des années ces moyens sont supprimés : plus de devoirs le samedi matin pour préparer au bac, moins de classes dédoublées, moins d’heures de cours et, au total, plus d’injustices. Peut-être que la nomination de policiers ou de gendarmes permettrait d’empêcher la contestation de ces injustices au sein des établissements ?
Stigmatisation d’une population
Nous ne sommes pas dupes : nous savons très bien qu’un proviseur adjoint supplémentaire, issu de la gendarmerie ou non, ne résoudra pas les problèmes de violences autour du lycée. Cela n’ajoutera rien à « l’autorité » des personnels éducatifs, nous n’avons pas de problèmes particuliers à l’intérieur du lycée.
Le résultat de telles mesures est la stigmatisation d’une population que le gouvernement assimile à des délinquants qu’il faudrait remettre dans le droit chemin, alors que nous pensons que les élèves ont toutes et tous le droit à une éducation de qualité afin de leur permettre de trouver le chemin de leur propre émancipation.
Le message du gouvernement est clair : supprimer des postes dans l’éducation nationale et faire rentrer la police dans les établissements, c’est-à-dire accorder la priorité à la répression. Et pour cela ils ont le soutien indéfectible de l’extrême droite, avec entre autres Gilbert Collard qui supplie Jean-Michel Blanquer de ne pas céder.
Correspondant