« Aucun élève ne sera sans affectation et les chiffres que l’on a nous laissent penser qu’il y aura de la place pour tout le monde » : voilà ce qu’affirmait Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, le 27 juin sur France 2.
Deux mois plus tard, alors que sur les 638 000 étudiantEs supposés entrer dans l’enseignement supérieur cette année, 128 000 ne savent toujours pas ce qu’ils feront à la rentrée (parce que les vœux où ils sont acceptés ne les satisfont pas ou parce qu’ils n’ont aucun vœu accepté), la ministre continue ses allégations, en osant dire sur France Inter le 22 août que « si Parcoursup va plus lentement, c’est parce que l’on accompagne les jeunes sans affectation ». L’ancienne présidente de l’université de Nice n’a décidément peur de rien !
128 000 recaléEs par Parcoursup
En réalité, contrairement aux chiffres du gouvernement qui disent que seulement 11 000 étudiantEs seraient, au 3 septembre, sans formation, les chiffres sont beaucoup plus importants : de manière arbitraire, Parcoursup a classé 42 000 candidatEs comme étant inactifs (même si tous les jours le nombre d’inactifs change), et il faut savoir aussi que 75 000 candidatEs ont accepté une formation tout en restant sur une liste d’attente, espérant une filière qui leur corresponde plus. Au total, alors que la rentrée se déroule cette semaine dans de nombreuses filières, 128 000 étudiantEs ne savent pas ce qu’ils feront cette année. CertainEs ont déjà abandonné l’idée même de faire des études, comme cet étudiant interviewé par le Huffington Post, qui avoue qu’il va faire « une année sabbatique cette année ». Dans toutes les facs, le nombre de « sans-facs » explose : à Nanterre, près de 250 cas ont été recensés par le comité de mobilisation contre la sélection, qui a organisé vendredi 31 août une première assemblée générale pour tenter de trouver des moyens pour forcer la fac à les inscrire, avec comme premier rendez-vous un rassemblement devant la présidence de la fac le mardi 4 septembre.
Vers un second round contre la sélection ?
Dans les autres facs, comme Paris 1-Tolbiac ou Toulouse-Le Mirail, les prérentrées sont l’occasion de recenser ces dossiers, qui risquent d’être très nombreux cette année. Marina, militante du NPA-Jeunes à Toulouse souligne aussi que « au-delà des sans-facs, de nombreux étudiants ont pris des formations par défaut. Au niveau de nos facs et nationalement, nous allons lutter pour faire abroger la loi ORE qui a officialisé la sélection à la fac, ce contre quoi nos aînés ont lutté en 1968 comme en 1986. Cependant, il faut aussi se rappeler que cette situation est le résultat d’années de disette budgétaire qui permettent aujourd’hui aux universités de refuser des étudiants sous prétexte de manque de budget. D’un côté on prend aux écoles et aux universités, et de l’autre on augmente le budget de l’armée d’1,8 milliard d’euros et on baisse les impôts sur les entreprises de 11 milliards d’euros : voilà la politique de Macron ! » Alors que la rentrée du gouvernement est particulièrement mouvementée, c’est donc un second round contre la sélection qui pourrait s’amorcer dans les prochaines semaines.
Arthur Nicola