Publié le Samedi 21 mars 2020 à 16h52.

Pétition : « Continuité pédagogique : faisons entendre une autre voix et des revendications du terrain »

Pétition à l'initiative du Collectif d'enseignantEs et personnels du collège Berthelot de Toulouse, soutenu par les sections syndicales de l'établissement FSU, CGT, SUD. Pour signer.

La fermeture des établissements scolaires, ainsi que les mesures de confinement, ont été prises tardivement et sans aucune préparation, avec une grande variation d’une académie à l’autre, d’un établissement à l’autre, et une impossible concertation entre les collègues d’un même établissement. Les ENT fonctionnent mal, les situations particulières des familles ne sont pas connues, des familles n’ont pas un accès suffisant au numérique.

Certains parents sont obligés de continuer à travailler, avec les risques que cela comporte, et les soucis qui vont avec. Certaines familles ont des membres dits « personnes à risque », avec les contraintes et soucis qui vont avec. L’épidémie de coronavirus, les difficultés du système de santé, inquiètent tout le monde. A cela s’ajoutent des réalités diverses concernant le confinement et l’isolement. Les femmes, les mères, sont souvent en première ligne car les métiers de la santé, ceux au contact massif de la population comme les caisses de supermarché, sont très féminisés, et partout les salariés témoignent du manque ou de la faiblesse du matériel de protection. D’autres familles, par la précarité de leurs emplois, voient leurs revenus mis en péril. Crainte de la fin du mois, crainte de la maladie, de l’isolement, c’est déjà beaucoup. Sans compter la présence d’enfants en bas âge dont il faut s’occuper au quotidien, en plus du foyer à gérer. Alors pas besoin de rajouter de l’inquiétude et du stress par rapport aux apprentissages scolaires face auxquels les inégalités sont extrêmement renforcées lorsqu’il s’agit de travailler à la maison. La continuité pédagogique est un leurre, l’égalité des élèves hors de la classe est impossible, mais nous ne les abandonnerons pas. La continuité du service public se situe ailleurs aujourd’hui, car les circonstances sont ce qu’elles sont : la crise sanitaire est mondiale et inédite. 

Nous pensons que la priorité absolue est que les élèves et leurs parents prennent soin d’eux, d’elles et de leurs proches. Certains groupes d’entraide ont commencé à s’organiser dans les quartiers (à l’échelle d’un immeuble, d’un réseau de connaissance ou encore sur les réseaux sociaux comme le groupe Toulouse entraide covid (St Michel, Busca, Empalot, St Agne). Cela peut constituer un soutien pour celles et ceux qui en ont besoin ou qui peuvent y participer. 

Nous continuerons, chacun à notre manière, à envoyer des activités pour occuper nos élèves, mais il est évident que chacun·e fait ce qu’il, elle peut. Nous n’aborderons pas de nouvelle notion car cela ne ferait qu’accentuer les inégalités face aux apprentissages. Et que le présentiel nous paraît indispensable pour cela : sinon, quel sens auraient la profession enseignante et les professions de l’éducation ? Nous encourageons les élèves à avoir une activité intellectuelle, culturelle, artistique et physique autant que possible. Cela peut passer par des recherches personnelles, la lecture de livres ou d’informations, des discussions sur les histoires familiales ou les centres d’intérêt des un·e·s et des autres, des jeux, écouter de la musique, profiter des sites de musées qui proposent des visites virtuelles gratuites, regarder des films (en VO lorsqu’ils sont étrangers) ou des documentaires, maintenir un contact social avec les ami·e·s par téléphone, laisser libre court à la curiosité de chacun·e pour laquelle nous pouvons constituer une ressource en laissant nos élèves poser des questions libres... Cela peut aussi passer par les activités que nous enverrons mais nous refusons toute forme d’obligation de résultat et d’exiger des délais impossibles à tenir pour tous les élèves. La priorité reste pour nous que chaque famille puisse sauvegarder du temps pour vivre et se retrouver, prendre soin les uns des autres, de l’entourage. Nous essaierons de maintenir un lien social, de prendre régulièrement des nouvelles des élèves et de leur famille, de laisser personne dans l’indifférence et le désarroi que la situation peut provoquer ou accentuer. Le respect des programmes scolaires est tellement dérisoire à côté de cela. Nous reprendrons les apprentissages scolaires lorsque nous nous retrouverons en classe, ensemble, l’esprit serein autant que possible. 

Si la situation doit perdurer, ce qui va probablement se produire, il en va de la responsabilité du ministre de retrouver la raison, d’annuler les examens, de donner les diplômes à tous les candidats et de débloquer les moyens nécessaires pour compenser la période de confinement l’an prochain : diminuer de 30 % le nombre d’élèves par classe, créer en urgence des postes, lancer une campagne extraordinaire de recrutement et titulariser les précaires pour répondre aux besoins. C’est la seule solution juste et digne pour l’éducation nationale ! 

Cependant l’école n’est pas séparée de la société. Nous prenons au mot Emmanuel Macron quand il disait le 16 mars qu’il y a des biens et services qui ne doivent pas être soumis à la loi du profit, qu’il fallait protéger les plus précaires. Nous ne nous paierons pas de mots. Des actes sont nécessaires : la protection de toutes celles et ceux qui travaillent doit être garantie, tout comme les salaires et les revenus du travail pour tou·te·s les autres, le maintien et le prolongement des contrats de travail aussi. La priorité doit être de reconstruire des services publics de qualité, en investissant massivement dans le matériel et des créations de postes, notamment dans la santé et la recherche. L’organisation de l’économie toute entière doit être repensée pour répondre aux besoins de toutes et tous, tout en préservant l’environnement et la santé. 

 

Nicolas Mousset, professeur de mathématiques, Flora Autant, professeure de lettres classiques, Julie Van Der Ham, professeure de mathématiques, Bernadette Fonvieille, professeure d’EPS, Maeve Le Quentrec, professeure d’Histoire Géographie, Claire Fournié, professeure d’arts plastiques, Mildrey Marques, professeure d’EPS, Emilie Tillaux, coordinatrice UPE2A NSA, Mélanie Curé, professeure de SVT, Virginie Boillon, professeure d’EPS, Sylvaine Berro-Moncaup, professeure de mathématiques, Marie Mazeau, professeure de lettres modernes, Dyna Laborde, professeure de lettres modernes, Marie-Sophie Bioulac, coordinatrice UPE2A, Pauline Cantaloube, professeure d’anglais, Emilie Balavoine, professeure de lettres classiques, Coralie Tapiou, psychologue EN- EDO, Marie-Josée Ripoll, professeure d’espagnole, Isabelle Serres, CPE, Vincent Duque, professeur d’éducation musicale, Sandrine Labois, professeure de technologie, Cecile Macary, documentaliste, Marie Lafitte, référente scolarité, Marion Jans, professeures de Français, Virgine Collomb, professeure d’anglais, Aurélien Borot, professeur d’histoire géographie, Catherine Mauriès, professeure de lettres modernes, Sylvie Plantade, professeure d’anglais. 

Avec le soutien des sections locales des syndicats SNES-FSU, SUD education, CGT educ’action du collège Berthelot.