Le gouvernement continue de jouer au pompier-pyromane. Après que Blanquer a déclaré qu’il ne fermerait pas les écoles, pour finalement être obligé de le faire, Macron veut désormais un retour à l’école le 11 mai. Le président de la fédération des médecins de France estime que « ça fait courir un risque sanitaire inutile ». Ce n’est ni un souci sanitaire, ni un souci pédagogique qui anime le gouvernement, mais la volonté de parquer les enfants pour que les salariés reprennent au plus vite le travail.
Pas de retour en classe sans des tests massifs
Que le retour dans les classes ait lieu en même temps ou en différé, le premier enjeu est de ne pas faire repartir l’épidémie. Mettre ensemble un nombre important de jeunes (a priori porteurs-sains) et d’adultes impose des conditions sanitaires minimales pour pouvoir enseigner et apprendre. Cela commence par des tests massifs de l’ensemble des personnels et jeunes, des masques et des conditions d’hygiène décentes (savons, papier toilette, etc.), ainsi qu’un nettoyage régulier des écoles. Cela suppose une embauche importante de personnels ATTE (adjoints techniques territoriaux des établissements d’enseignement). Ils sont un maillon essentiel de la chaine sanitaire et à ce titre, leurs salaires doivent être augmentés. Il faut que les organisations syndicales et les collègues se préparent à se mettre en grève si ces conditions minimales ne sont pas remplies.
Du point de vue de la pédagogie, avant tout retour en classe, nous revendiquons la mise en place obligatoire de commissions hygiène et sécurité locales, ainsi d’une « pré-rentrée » pour re-créer du collectif, tant du côté des enseignantEs que de celui des élèves et des rapports entre eux. Le retour ne peut pas être, en aucun cas, un « retour à la normale » dès le lundi matin !
Passage automatique dans l’année supérieure
L’année 2019-2020 a été totalement perturbée. Le début, par les grèves contre l’entêtement de Macron sur la réforme des retraites ; et ensuite, dans certains lycées, contre les E3C et la fin avec le confinement. La priorité pour sortir de cette situation exceptionnelle devrait être que pas un élève n’en ressorte pénalisé. C’est pourquoi la seule solution est le passage automatique des jeunes dans l’année supérieure, à l’image du SNESup-FSU (premier syndicat des enseignants dans les universités), qui demande le passage automatique pour les licences et masters. Nous sommes pour que tous les élèves de terminale obtiennent le bac, sans condition.
Il faut accompagner ce passage automatique en imposant 20 élèves maximum par classe. D’un point de vue sanitaire, cela limite l’effet cluster et c’est le seul moyen pour que les jeunes reprennent une scolarité normale. Nous nous opposons aux politiques de suppression de postes d’enseignantEs. Le gouvernement doit adapter l’École pour lutter contre les inégalités, ou partir, s’il en est incapable.
La limitation des effectifs implique une augmentation du nombre d’enseignantEs. Nous revendiquons la titularisation de tous les enseignants-stagiaires et de tous les contractuels. Compte tenu que les concours d’enseignements (CAPES, etc.) n’ont globalement pas eu lieu, nous exigeons que touTEs les inscritEs aux concours deviennent des professeurs-stagiaires l’année prochaine. La stabilisation et l’attractivité (sociale, financière) des enseignantEs est essentielle pour les années à venir. Dans ce cadre, tous les salaires doivent être immédiatement augmenté de 300 euros.
Démission immédiate de Blanquer
Pendant cette période exceptionnelle, les enseignantEs ont globalement maintenu et réinventé des liens pédagogiques, ou humains, avec leurs élèves. Mais pas comme l’intimait Blanquer et ses zélateurs au ministère, dans les académies et même parmi les chefs d’établissements. Ils n’ont été d’aucune utilité pendant ces quatre semaines de confinement. Ils ont contribué à maintenir une pression démentielle tant sur les personnels que sur les jeunes avec parfois des conséquences dramatiques. Au retour, il nous faudra repartir sur des bases saines. Cela commence par un arrêt des réformes du lycée, de l’école de la confiance et de la loi ORE. Mais surtout, nous exigeons la démission immédiate de Blanquer, car il est un danger scolaire, social et sanitaire.