Dans bien des endroits, la rentrée 2012 a été extrêmement difficile : effectifs trop élevés, structures d’accueilqui explosent, non-remplacement des enseignants absents.
En Seine-Saint-Denis, il manque 250 enseignants dans les écoles primaires et une cinquantaine de classes se retrouvent sans prof chaque jour. C’est pourquoi environ 50 % des professeurs des écoles ont répondu à l’appel de l’intersyndicale 93 pour réclamer les enseignants manquants.
Avec 12 000 suppressions de postes supplémentaires, les difficultés rencontrées par les personnels, les élèves et les parents était prévisibles dès juin. Pourtant la rentrée s’est effectuée sans perspective de mobilisation, ni sur les conditions de travail et le manque de postes ni même sur le budget 2013. Les directions syndicales ont préféré mener une politique de complaisance à l’égard du gouvernement, participer sagement aux « concertations » tout en refusant de mobiliser les personnels.
La concertation, à laquelle ont participé le Medef et l’OCDE, ignore toutes les revendications fondamentales des mobilisations enseignantes (effectifs, postes, réseaux d’aide spécialisés, suppression du livret de compétences et du fichage des élèves, abrogation de la masterisation, des réformes du lycée et du lycée pro).
À chaque alternance gouvernementale sa nouvelle réforme de l’Éducation dans laquelle on nous ressert les mêmes gages de bonnes intentions concernant la lutte contre les inégalités, l’échec scolaire et les rythmes des enfants : semaine de 4,5 jours, allègement des journées de cours, devoirs à l’école, réduction des redoublements, fin des évaluations sanctions, plus de profs que de classes.
À moyens constants, il est difficile de croire au « plus de profs que de classe ». Impossible d’imaginer lutter contre l’échec scolaire sans enseignantEs supplémentaires, d’autant plus que les conditions sociales dégradées creusent encore les inégalités et les difficultés scolaires des enfants.
Le gouvernement ne remet pas en cause la politique de Chatel-Sarkozy.
Il a annoncé ouvrir 43 000 postes aux concours 2013 mais c’est une arnaque ! 22 000 profs seront recrutés au concours pour remplacer les 22 000 départs en retraite de 2013. 21 000 étudiants seront sélectionnés par un second concours. Ils assureront un tiers temps de prof pendant un an comme contractuels avant d’être recrutés pour remplacer les 21 000 départs en retraite prévus pour la rentrée 2014. La masterisation reste consolidée. Pour remédier aux inégalités sociales liées à l’allongement de la durée des études, le gouvernement ne propose qu’un job précaire dans l’Éducation nationale, les emplois avenir professeurs, pour les étudiants boursiers.
Un objectif avoué d’adaptation aux besoins des entreprises.
Pour les libéraux, ce service public doit s’adapter à la réorganisation du marché du travail : « améliorer l’offre, anticiper la demande et optimiser l’utilisation des compétences de la main-d’œuvre ». Cette logique du Socle commun est reprise par Peillon et Hollande : le livret de compétence sera simplifié pour les élèves en réussite, mais pour ceux en difficulté les profs devront évaluer dans le détail les compétences acquises et non acquises.
Enfin, la volonté du gouvernement est de préparer l’orientation professionnelle en lien avec les entreprises locales, dès la 6e ! Pour l’orientation des élèves, le changement, c’est des services régionaux, au plus près des besoins de main-d’œuvre locaux.
À quelques inflexions près, le gouvernement actuel poursuit les politiques libérales guidées par les besoins du capitalisme en ce qui concerne l’école et la volonté d’économies budgétaires. Les directions syndicales doivent en tirer le bilan et ne pas accepter de la part d’Hollande des politiques que nous combattions sous Sarkozy. Cela commence par construire dès maintenant une grève contre le budget, pour un véritable plan de création de 80 000 postes dans l’éducation et l’abrogation des contre-réformes mises en place par Sarkozy. Cette mobilisation doit se lier aux revendications de l’ensemble de la fonction publique contre les suppressions de postes et celles des salariés du privé qui défendent leurs emplois.
Arni Cole