Jeudi 12 décembre, le gouvernement annonçait le report des décisions concernant le statut des enseignants du second degré. Alors qu’il ambitionnait d’intégrer les mesures du projet Peillon dès la rentrée 2014, il s’agit d’un incontestable recul du gouvernement.
À l’origine de ce revirement, la mobilisation des professeurs de prépas, présentés comme des privilégiéEs, menacéEs notamment par des pertes de salaires (jusqu’à 20 %). Organisés (AG incluant les syndicats), dotés d’une revendication claire, à savoir le retrait du projet Peillon, avec le soutien de leurs étudiantEs et collègues du secondaire, ils ont pu déjouer les tentatives de division orchestrées par le gouvernement, et déboucher sur la grève massive du 9 décembre.Outre ce volet, ce projet constitue fondamentalement une charge contre le statut des enseignants du secondaire. En lieu et place de la définition hebdomadaire en heures de cours, régie par les décrets de 50, le projet du gouvernement pavait la voie à l’annualisation, à la multiplication des « missions » et à un début de mise sous tutelle par les pouvoirs locaux.Face un texte qui cible le cadre national de l’enseignement, qui rend possible toutes sortes d’attaques, les AG se sont multipliées dans les collèges-lycées, aboutissant à plusieurs dizaines de prises de position pour le retrait pur et simple du projet Peillon.
Pour le retrait définitif du projet PeillonInévitablement, cette activité s’est répercutée dans les syndicats, qui ont tous participé aux « concertations ». Dans le Snes-FSU, principal syndicat, à l’opposé de la direction nationale qui a adopté une ligne extrêmement conciliante vis-à-vis du gouvernement en valorisant de prétendues « avancées », plusieurs structures départementales ou académiques ont suivi une orientation plus critique en lien avec le rejet qui remontait des établissements. Cela a conduit à un vif débat dans le Snes. C’est dans ce contexte que le gouvernement a été contraint de reculer. Mais il ne renonce pas, Peillon annonçant un nouveau round de « concertations » dès janvier.Une chose est sûre, c’est la mobilisation pour le retrait pur et simple du projet Peillon qui a mis le gouvernement en difficulté. Participer aux nouvelles « négociations », loin de « peser » sur le « futur décret » ne peut que favoriser les desseins du gouvernement. C’est pourquoi le combat pour l’arrêt des « concertations » syndicats-gouvernement sur le projet Peillon et son retrait définitif doit se poursuivre. Au-delà, c’est toute la politique scolaire du gouvernement qui est en cause. Pour expliquer ce report qui marque une étape importante, le député PS Yves Durand précise : « On ne peut pas avoir trop de fronts ouverts en même temps. Réussissons la réforme de la formation des maîtres et celle des rythmes, et ne nous dispersons pas ».
Alors que de nouvelles attaques arrivent (programmes, ZEP), le combat uni pour le retrait du projet Peillon sur le statut et l’abrogation du décret sur les rythmes scolaires doit être mené. Il est à même d’infliger une défaite décisive au gouvernement, portant ainsi un coup à la loi Peillon. Ce qui mettrait un coup d’arrêt aux contres-réformes, à la dégradation de la situation et ouvrirait la voie à la satisfaction des multiples revendications enseignantes (postes, effectifs, salaires…). Tout cela est inséparable de l’activité à mener pour la rupture immédiate du « dialogue social » avec le gouvernement.
Éric Aba