Le collectif des Stylos rouges est l’expression d’un ras-le-bol profond dans l’Éducation nationale.
Depuis la rentrée de septembre, les mobilisations n’ont pas manqué dans l’éducation. Le 12 novembre dernier, la grève appelée par les organisations syndicales était massivement suivie. Puis, fin novembre et durant tout le mois de décembre, ce sont les lycéenEs qui, profitant de la situation créée par la mobilisation des Gilets jaunes, ont bloqué leurs établissements et manifesté contre la réforme du lycée, et ce malgré la répression policière. À cette occasion, dans plusieurs établissements, les enseignantEs se sont mis en grève.
Les oubliés de Macron
Ce qui a été le point de départ réel du mouvement des Stylos rouges a été le discours télévisé de Macron le 10 décembre. Bien des enseignantEs ont en effet été révoltés que le chef de l’État n’ait pas un seul mot sur leur rémunération et leurs conditions de travail, alors que le point d’indice est gelé depuis 2010. Un groupe Facebook s’est alors mis en place pour chercher à regrouper les personnels de l’éducation souhaitant faire entendre leur colère. À l’heure actuelle, ce sont presque 50 000 personnes qui sont dans le groupe des Stylos rouges à l’échelle nationale, et cela dans tous les secteurs de l’Éducation nationale, du 1er degré au lycée.
L’apparition de ce collectif montre le ras-le-bol qui existe dans les écoles, les collèges et les lycées. Cela fait des années que les salaires ont été gelés et que le nombre de postes baisse tant au niveau des profs que dans l’encadrement administratif et périscolaire. Le métier se précarise les charges de travail sont de plus en plus lourdes, et il n’y a jamais eu autant de démissions dans le secteur.
Conditions de travail dégradées
La question du salaire est bien évidemment importante, mais l’objectif n’est pas de gagner 150 euros de plus pour continuer à travailler dans les mêmes conditions. La question des effectifs, et donc des moyens, est une question clef : les classes sont de plus en plus surchargées et de moins en moins encadrées. Or le ministère a annoncé une nouvelle baisse du nombre de postes, et parle d’imposer désormais deux heures sup’ à touTEs les enseignantEs.
Mais les caractéristiques du collectif des Stylos rouges, qui se dit « apolitique » et « asyndical », et dans lequel beaucoup d’enseignantEs disent que la grève est un moyen de luttes inefficace, est aussi significatif de la situation provoquée par la politique des directions syndicales. Pour beaucoup de gens, effectivement, la grève saute-mouton appelée tous les 6 mois par les appareils syndicaux apparaît comme inefficace, et c’est bien vrai. Mais c’est néanmoins par des grèves combatives, reconductibles, déterminées… que les enseignantEs ont toujours pu obtenir des avancées.
TouTEs ensemble contre le gouvernement !
C’est le débat qu’il va falloir mener avec tous les personnels qui cherchent à se bagarrer contre le gouvernement. Pour la première fois depuis longtemps, un collectif fédère les personnels de tous les degrés, dans les écoles, dans les collèges, dans les lycées. Dans certaines académies, comme à Lille, ces personnels très déterminés ont mené des actions de blocage. Il existe donc une véritable combativité dans le secteur.
Le 24 janvier prochain, les syndicats du second degré appellent à une journée de grève. L’apparition des Stylos rouges pourrait permettre de donner une tonalité toute particulière à cette journée de mobilisation, en mobilisant également les personnels du 1er degré, et en mettant en avant les revendications qui unifient tout le secteur.
Armelle Pertus