Publié le Samedi 14 décembre 2024 à 11h00.

Université en danger : Réagir face au désinvestissement de l’État

Le 3 décembre, France Universités a été à l’initiative d’une action de mobilisation inédite pour contester les coupes budgétaires imposées à l’Enseignement supérieur et la Recherche. 

De nature avant tout symbolique et orchestrées par le haut, les fermetures administratives des établissements n’ont toutefois pas permis une coordination avec la journée de grève de la fonction publique du 5 décembre, ­particulièrement suivie par le secteur de l’éducation. 

Des décennies de politiques austéritaires 

Les syndicats ont pointé à juste titre que l’étranglement budgétaire actuel est la suite logique des politiques austéritaires appliquées avec zèle par les directions depuis des décennies. L’autonomie des établissements mise en place par Sarkozy-Pécresse à partir de 2007 avec la loi Libertés et responsabilités des universités (LRU) et via les « responsabilités et compétences élargies » a accéléré le désinvestissement de l’État, la mise en concurrence des établissements et leur soumission aux lois du marché.

Aujourd’hui, la plupart des universités sont sous-dotées et les conditions de travail et d’étude se détériorent : gel du point d’indice ; gel de postes ; délabrement des bâtiments ; individualisation du salaire ; précarité à tous les étages ; fermetures et restrictions d’accès aux formations…

À l’Université de Lille, 40 % des emplois sont précaires, 16 amphithéâtres ont été fermés à cause de la présence d’amiante dans les systèmes d’aération. Il ne s’agit malheureusement pas d’un cas isolé : le patrimoine immobilier universitaire se trouve dans un état de délabrement très avancé et sa réhabilitation est chiffrée à 15 milliards d’euros.

Des baisses budgétaires indécentes 

Pour 2025, le ministère avait demandé un effort de 350 millions, représentant environ 3 % du budget des universités. La structure des dépenses a significativement évolué ces dernières années, avec une baisse régulière de la part de l’État et des collectivités locales au profit des entreprises1. Le budget de l’enseignement supérieur par étudiantE a baissé de près de 22 % entre 2012 et 2023. À cela, il faut ajouter les coupes budgétaires de 954 millions d’euros en 2024. D’une façon générale, à travers les 7,8 milliards d’euros du CIR (Crédit impôt recherche), niche fiscale qui profite à quelques grands groupes capitalistes et bien peu à la recherche, ou encore les 25 milliards de l’apprentissage, l’État opère un transfert d’argent public massif vers le privé. 

La guerre au statut de fonctionnaire

Jugé trop protecteur en matière de libertés académiques et syndicales et accusé d’encourager la « fainéantise », le statut de fonctionnaire constitue la cible privilégiée des réactionnaires. Le gouvernement de Michel Barnier n’a pas dérogé à cette règle. Avant la censure, il avait proposé trois journées de carence pour les agentEs publics en cas d’arrêt maladie et la baisse de l’indemnisation (90 % au lieu de 100 %) sous prétexte de rétablir une égalité entre fonctionnaires et salariéEs du privé. Une vieille recette pour diviser les ­travailleurEs et détourner leur attention de la crise.

Sauver l’ESR ! Sauver nos services publics !

Pour sauver l’ESR, il faudra s’opposer à l’acte II de l’autonomie, lutter contre l’atomisation, les mesures qui détruisent les protections collectives, les baisses du budget et la privatisation. Nous devrons nous saisir des prochaines dates de mobilisation pour construire un mouvement social puissant contre l’austérité et la casse des services publics, pour l’augmentation du SMIC et du point d’indice des agentEs, pour l’interdiction des licenciements et le financement pérenne de l’ESR et de toute la fonction publique.

Hélène Marra