Sarkozy avait fait de la LRU (Loi liberté et responsabilité des universités) « une des plus grandes réussites de son mandat»… aux conséquences désastreuses. L’autonomie financière des établissements a mis un tiers d’entre eux en déficit. Une dégradation sans précédent des conditions d’études pour les étudiants et de travail pour les personnel. La réforme Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche (ESR), renforce la logique de la LRU en lui donnant une cohérence territoriale : appliquer l’austérité et assujettir le secteur aux besoins du patronat.Cette réforme va mettre le secteur au service de « la croissance et de la compétitivité » et répondre « aux besoins des secteurs économiques et de leurs évolutions prévisibles ». Les capitalistes ont besoin de solutions pour maintenir leurs profits. La ministre leur propose l’accélération de « l’innovation » en déplaçant cette tâche du secteur privé vers le public…et ceci à budget constant voire en diminution ! C’est un nouveau coup dur porté à la recherche fondamentale. Cette évolution est en cohérence avec la destruction des secteurs « recherche et développement » d’entreprises comme Sanofi qui licencient des centaines de salariéEs tout en augmentant leurs profits (en partie grâce au Crédit impôt recherche, vrai cadeau au patronat, 150 millions pour Sanofi en 2012). Le public… au service du privé !Dans chaque région, l’ensemble des organismes de l’ESR seront fusionnés dans des pôles uniques (sauf en Île-de-France où il y en aura plusieurs) qui engloberont les acteurs économiques locaux. La disparité de moyens entre régions riches et pauvres va s’accroître suite à un transfert de compétences aux collectivités territoriales (en lien avec l’acte III de la décentralisation). Ces pôles permettront d’accélérer le transfert de compétences du public vers le privé et de spécialiser chaque organisme pour les entreprises locales. La boucle est bouclée ! Enfin, une des mesures de la réforme consiste à casser la reconnaissance des diplômes. Chaque université aura le droit de délivrer ses diplômes, alors qu'auparavant il fallait qu’ils soient tous vérifiés par le ministère. C’est-à-dire que chaque université pourra spécialiser ses diplômes comme bon lui semble car le contrôle ne se fera qu’a posteriori. Ainsi, les diplômes ne seront plus reconnus nationalement. Les jeunes ne pourront plus se défendre sur le marché du travail en négociant collectivement leurs salaires et leurs droits en fonction de leur qualification. Ce projet est inacceptable, il faut le retirer et abroger les précédentes réformes. En 2007 et 2009, les étudiantEs, puis les personnels, s’étaient mobiliséEs contre la LRU. Celle-ci avait fini par s’appliquer. Aujourd’hui, face à la loi Fioraso, l’explosion de la précarité et des déficits budgétaires, un début de mobilisation voit le jour. Les AG commencent à se constituer. Les tâches de l’heure : construire et amplifier la mobilisation côté étudiant comme côté personnels ; travailler aux convergences « de la maternelle à l’université » et entre le public et le privé. Jean-Baptiste Krebs et Sylvain Pyro
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