Gouvernement et médias aimeraient que la situation à Air France retombe dans les ornières habituelles du « dialogue social », c’est-à-dire la soumission des syndicats aux exigences patronales. Mais ce n’est pas si facile de faire rentrer les salariéEs et l’intersyndicale dans ce chemin.
Le 22 octobre, malgré le déchaînement médiatique qui a suivi le 5 octobre, tous les syndicats d’Air France appelaient au rassemblement à côté de l’Assemblée nationale (même la CFDT… Seule la CGC était en dehors de l’appel). Celui-ci était très encadré, avec une tribune et des barrières. Le choix même du lieu laissait interrogatif : pourquoi rester sur la place et ne pas se diriger vers le lieu où se tenait le CCE à quelques centaines de mètres ? Cela correspond à l’orientation de la majorité de l’intersyndicale de « faire appel » au gouvernement, mais aussi à la volonté d’éviter une nouvelle confrontation.
La partie la plus militante voulait partir en manifestation vers le CCE. Cette proposition a même été faite à la tribune... Cela aurait permis de dynamiser la manif. Cependant, le caractère « bon enfant » du rassemblement n’efface pas la colère des salariéEs. L’accueil réservé aux interventions les plus dynamiques, dont celle d’Olivier Besancenot, en témoigne.
Ils ne lâchent rien...
Concernant les « discussions » qui seraient réouvertes à Air France, la situation est contradictoire. La direction affirme qu’elles ont repris pour montrer que le « dialogue social » continue. C’est une posture et une imposture, car, parallèlement, les PDG Gagey et De Juniac, ainsi que Broseta « la Chemise », viennent de réaffirmer que les 1 000 suppressions d’emploi étaient d’ores et déjà incompressibles.
La direction a plusieurs idées pour rogner sur les conditions de travail et les salaires, d’abord des navigants et demain, sûrement du sol. La première, largement médiatisée, concerne les « trois contrats de travail » évoqués par Broseta dans le Parisien. La direction proposerait un contrat permettant de gagner autant qu’aujourd’hui en volant plus, un autre permettant de gagner plus en volant (encore) plus mais avec une réduction du prix de l’heure de vol… et un autre pour voler autant qu’aujourd’hui… en gagnant moins ! Une triple arnaque en quelque sorte.
La direction a plein d’autres idées : flexibilité des plannings, blocage des salaires avec une prime « carotte » de performance, réduction au minimum des briefings avant vol grâce aux iPad… Et, évidemment, les sanctions et les poursuites continuent contre les manifestants du 5 octobre !
La direction a voulu se donner du jeu en prenant désormais pour échéance, non plus le 30 septembre, mais le 31 décembre espérant faire revenir dans le jeu habituel les directions syndicales. Malheureusement pour eux, entre-temps, le 29 octobre, la direction va devoir annoncer plusieurs centaines de millions d’euros de résultat d’exploitation positif pour le troisième trimestre (après avoir annoncé, il y a quelques jours, non pas une baisse d’activité mais une croissance du programme des vols de cet hiver). Et Broseta rend son tablier (après sa chemise...) à la fin du mois, remplacé par le directeur de cabinet de Valls. Leur timing est mal calibré !
Le 23 octobre, tous les syndicats, même la CGC et la CFDT, ont voté un droit alerte en CCE contre le plan Perform. Cela témoigne de la pression qu’exerce la mobilisation des salariéEs.
Nous non plus !
Le premier entretien préalable à sanction a eu lieu lundi matin, avec un rassemblement de 150 salariés de Roissy. Ces entretiens vont se poursuivre jusque début novembre et des débrayages sont prévus tous les jours pour soutenir les salariés (à l’appel au moins de la CGT, Sud et FO). Et le 2 décembre, 11 mis en examen comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Bobigny.
Il est nécessaire de construire un large front politique, syndical et social, autour des inculpés, seulement coupables d’avoir défendu leur emploi et fustigés comme des criminels par les délinquants sociaux du patronat et du gouvernement.
Correspondants