Publié le Vendredi 6 juillet 2018 à 10h54.

Air France : en attendant le nouveau PDG, rien n’est réglé

Le référendum qui a vu la direction d’Air France perdre avec une très forte mobilisation des salariéEs n’en finit pas de produire ses effets. 

Janaillac est parti, et la nomination du nouveau PDG est l’objet d’un véritable suspense. La PDG intérimaire A.-M. Couderc, face à la menace de grève les 23 et 24 juin, a annoncé accélérer la procédure, expliquant que seul le nouveau PDG pourrait prendre une décision.

Une situation sous tension

L’intersyndicale a finalement décidé de lever le préavis, certains syndicats pensant qu’il fallait attendre la nomination. En menaçant de reprendre les hostilités à tout moment. Décision motivée pour certains par le fait que leurs troupes avaient besoin de récupérer des pertes dues aux grèves, d’autres espérant des changements positifs et l’élimination de tous les membres de l’ancienne direction.

Par souci d’unité et pour préserver l’avenir, l’ensemble des syndicats, à l’exception d’un des syndicats de pilotes (SPAF, 20 % des pilotes) s’est rallié à cette décision. Les mécaniciens avion, de leur côté, soutenus par Sud-aérien et la CGT qui a rejoint cette mobilisation spécifique, ont repris des mouvements de grève pour des augmentations de salaire. La situation dans l’entreprise reste sous tension, entre mouvements de grogne et discrédit de l’encadrement qui a soutenu aveuglément la direction démissionnaire. S’y ajoutent des éléments inquiétants comme la révélation par Alter (10 % des pilotes) d’un incident grave (calculateur en panne car mal fixé sur un avion, ce dernier sortant d’une visite d’entretien sous-traitée à une entreprise tierce), ainsi que de nombreuses annulations de vols dues en particulier à un sous-effectif pilote (tous les secteurs de l’entreprise sont aujourd’hui en sous-effectif chronique !) ou par manque de disponibilité avion.

Vers la vente de la participation de l’État ?

De son côté, la presse bruisse de noms de candidats au poste de PDG. Certains prônant une solution qu’ils pensent radicale : couper le dernier lien d’Air France avec l’État en vendant la participation et le droit de veto de celui-ci. Avec l’offre de la chaîne hôtelière Accor, à capitaux US et chinois, qui est très intéressée par le fichier des clientEs et son programme de fidélité et de miles gratuits. Au risque de voir Air France partir dans une aventure et des rachats où personne ne garantit rien. À l’image de Servair, la filiale de restauration vendue l’an dernier au groupe chinois HNA, qui se révèle insolvable et vient d’être remise en vente…

En attendant, on peut voir une vidéo surréaliste sur l’intranet : des hauts cadres d’Air France participant le 21 juin à une course de canetons. Faute de faire marcher les salariéEs à la baguette, ce sont les canetons qui trinquent !

Correspondants