Publié le Lundi 25 janvier 2021 à 21h52.

Après la manifestation du 23 janvier, continuer à construire une mobilisation contre les suppressions de postes

La manifestation a rassemblé à Paris près de 2 000 personnes malgré le froid et au départ de l’Assemblée nationale. Une première initiative de convergence des salariéEs soumis à des suppressions de postes.

La principale délégation était formée par les salariéEs de l’agence de voyage TUI, qui étaient à l’initiative de ce regroupement. Des délégations de la raffinerie de Grandpuits, de Renault, de Grandpuits, Monoprix, Sanofi, Geodis, Auchan, Cargill, GE, Nokia ont participé à la manifestation, venues de différentes villes, notamment de Lille, Rouen, Grenoble, Lyon…

Cette initiative a permis de rassembler les équipes militantes de plusieurs entreprises pour contribuer à construire une mobilisation unifiée face aux plans sociaux. C’est un acquis car cela montre qu’il est possible de fédérer des équipes militantes, par en bas, qui tentent de répondre à la situation et ont réussi à poser la question des licenciements de façon politique et nationale, une première depuis plusieurs années.

Une menace que manifestation le gouvernement a pris au sérieux, étant donné l'ampleur de la mobilisation policière, absolument démesurée.

Une première étape

L’affluence était forcément un peu décevante mais elle n’est pas liée à la nature de l’initiative, plutôt aux difficultés de la situation : tout d’abord, les luttes concrètes dans les boites restent marginales à part à Grandpuits, ce qui rend difficile la construction d’initiatives unifiantes et la montée à Paris. En second lieu, les plans sociaux sont construits, à cette étape, comme des plans sans « licenciements secs », les pertes d’emplois étant subis par les précaires (CDD, intérim), les sous-traitants, les ruptures conventionnelles individuelles ou collectives imposées sous la pression patronale, les licenciements individuels pour de fausses sanctions. Rappelons que seuls 2% des suppressions de postes sont référencés comme licenciements économiques. Beaucoup des salariéEs les plus stables ne se sentent donc pas encore nécessairement menacés – à tort – tandis que les travailleurs/ses les plus touchéEs sont dans des situations sociales qui rendent difficile une mobilisation centralisée.

Enfin, la mobilisation du 23 janvier a été de fait combattue par des secteurs de la direction de la CGT, en particulier dans le commerce, sous prétexte de préparation du 4 février. Ces secteurs de l’appareil opposent cette initiative interprofessionnelle à des mobilisations venues de collectifs militants, contribuant de fait à freiner les initiatives qui viennent d’en bas.

Des soutiens politiques variés

Le NPA est intervenu pour construire la manifestation du 23 janvier, à la fois localement et par un cortège le jour venu, en présence de Philippe Poutou est Olivier Besancenot. Ce dernier se rendra également à Grandpuits mercredi 27 pour soutenir la mobilisation. Le POID était également présent. Plus étonnante était l’absence totale de Lutte ouvrière. La France insoumise et le PCF ont manifesté en effectif réduit respectivement autour de Manuel Bompard, député européen, les députés, notamment Mélenchon, prenant la parole au départ de la manifestation, et du sénateur PCF Fabien Gay, présent lui à toutes les étapes de préparation de la manifestation. Le Front social et des Gilets jaunes étaient également présents.

Des perspectives à construire

Le succès limité de cette manifestation ne doit pas nous donner l’impression qu’il faut s’arrêter là, bien au contraire. Dans les prochaines semaines et les mois qui sont devant nous, il sera indispensable de continuer à construire des mobilisations venues d’en bas concernant l’emploi. Cette manifestation et le cadre de préparation peuvent contribuer à mener cette bataille à la fois contre les plans sociaux, pour l’interdiction des licenciements, mais surtout pour poser très largement le problème du partage du temps de travail, sans perte de salaire, pour éradiquer le chômage et travailler touTEs moins et autrement, en période de crise économique et sanitaire. Il y a urgence à franchir un cap dans la construction de luttes qui associent salariéEs menacéEs de suppressions de postes et chômeurs pour faire face au patronat et à ce gouvernement qui est directement à son service, distribuant les centaines de milliards aux grandes entreprises tout en laissant crever les classes populaires.