Pommier est une usine de boitiers électriques qui travaille en sous-traitance pour Enedis. Le secteur public met ainsi en concurrence plusieurs entreprises, organisant une précarité dont l’usine de Bagnères est un emblème.
Rachetée par un financier, Grégoire Libert, au sein du groupe Cahors, l’entreprise bénéficie de multiples avantages et la direction a aggravé les conditions de travail : exonérations diverses de l’État et de la communauté de communes, salaires non augmentés depuis six ans (depuis plus de 10 ans pour certainEs salariéEs ), nombre de salariéEs passé de plus de 120 à moins de 80 (avec bien sûr un important volant d’intérimaires), productivité triplée…
Un mouvement qui s’adresse à la population
À l’ouverture des NAO, en juin, les délégués syndicaux ont exigé l’augmentation des primes et une augmentation générale des salaires de 5 %, même pas l’inflation. La réponse : pas d’augmentations et suppression de la prime de vacances ! C’est ce qui a déclenché la grève qui en était, en début de semaine, au 54e jour.
Face au comportement dilatoire du patron qui n’assiste pas aux CSE ou « délègue » au directeur de site, sans autre mandat que de refuser toute augmentation, les grévistes se sont tout de suite tournés vers l’extérieur, avec plusieurs manifestations, une interpellation en réunion publique du député (non réélu) à la veille du second tour, une cagnotte en ligne et un concert de soutien qui ont été un succès.
L’attitude de la direction n’en a pas changé, loin de là : plusieurs tentatives pour récupérer du matériel non homologué, présence d’huissier, versement en retard des salaires contre la reprise du travail, envoi des bulletins sans que les virements soient faits, augmentation des intérimaires…
L’imposture du « dialogue social »
Ce n’est qu’au bout de plusieurs semaines, et avec la continuation de la grève, que la préfecture, avec des représentants de l’inspection du travail et des conseillers de l’Élysée, a « imposé » une médiation en juillet. En réalité, loin de souligner et sanctionner les entraves au droit du travail et au droit de grève, Libert est exonéré de toute exigence et participe aux discussions, en visio, soutenu par un avocat ! Sans aucune pression des pouvoirs publics, il ne fait que proposer pire encore qu’au départ.
Le patron a déjà bien plus « perdu » avec le nombre de jours de grève que ce qu’aurait « coûté » les augmentations revendiquées. C’est un choix, celui de mettre les salariéEs à genoux, alors que l’inflation explose et que les mouvements revendicatifs sur les salaires sont dans tous les esprits. Comme quand le gouvernement ne parle que de « pouvoir d’achat », il s’agit de mener et de gagner une campagne politique contre l’inévitable augmentation de salaires. Et si les salariéEs n’abdiquent pas, il faut les briser. En ce sens il se comporte en représentant lucide de sa classe, avec le soutien des institutions et des pouvoirs publics.
Un combat qui est celui de touTEs !
Après la pause liée à la fermeture des congés, les grévistes, même s’ils sont moins nombreux, refusent toujours de céder et de se soumettre aux conditions humiliantes de la direction. La grève continue et le piquet s’organise.
Tout le monde sait que la suite sera difficile sur le site même mais la grève souligne et pose tous les problèmes de la situation :
– La socialisation du secteur de l’énergie qui devrait être un service public sous le contrôle des salariéEs et des usagerEs ;
– Le combat pour imposer nos exigences au-delà des unités formelles et des agendas institutionnels écrits d’avance, que ce soient ceux du dialogue social ou parlementaire, en engageant une bataille d’ensemble qui dépassera les journées d’action comme le font nos camarades en Grande-Bretagne.
Le combat des Pommier prépare cette lutte et en illustre les voies et les moyens.