Publié le Vendredi 20 mai 2022 à 12h00.

Brétigny, 12 juillet 2013 : une catastrophe annoncée

Presque neuf ans après la catastrophe ferroviaire de Brétigny (sept morts), le procès a débuté fin avril.

 

La cause du drame : une éclisse (barre d’acier qui joint deux tronçons de rails), dont les boulons ont lâché, s’est soulevée et coincée dans le cœur de l’aiguillage. Même Pepy, l’ancien PDG, présent sur place dans les minutes qui avaient suivi, n’a pu invoquer, comme d’habitude, une simple « erreur humaine » devant les journalistes : impossible de nier l’évidence sans provoquer la colère des cheminotEs. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tenté de faire disparaitre des éléments qui auraient pu intéresser les enquêteurs : la scène a été « nettoyée » par des dirigeants et quelques boulons ont disparu dans les heures qui ont suivi l’accident.

La sécurité se calcule en euros 

Parmi les collègues, le choc a rapidement laissé place à la colère face à cette catastrophe prévisible : depuis plus de 40 ans, la SNCF fait du calcul de risque. Même les 225 000 euros demandés par la justice sont probablement inférieurs aux économies réalisées. Des économies en personnel surtout.

La sécurité se calcule en euros. L’aiguillage en cause à Brétigny était réputé fragile. La réglementation préconise de limiter la vitesse à 100 km/h afin de préserver ce type de dispositif. Mais la direction a préféré multiplier les dérogations pour ne pas impacter un le trafic déjà saturé sur les lignes de banlieue parisienne.

Le comble du cynisme

Après le déraillement, on s’attendait donc au minimum à ce que la vitesse soit réduite à 100 km/h afin de réduire les sollicitations sur ce type d’aiguillage. Mais pas question de concéder un tel aveu de culpabilité, argument pour les enquêteurs et parties civiles du procès qui risquerait d’augmenter le dédommagement aux victimes. Même dans une boîte publique comme la SNCF, la gestion capitaliste fait passer les profits avant nos vies !

Prison ferme demandée pour le lampiste

Seule personne physique à comparaître, le jeune responsable local à l’époque des faits encourt trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. On lui reproche de ne pas avoir détecté l’avarie. Mais ce « chef d’équipe » situé au plus bas niveau hiérarchique de l’organigramme, n’est pas responsable de la politique de rentabilité qui a provoqué cette catastrophe !