Publié le Vendredi 10 janvier 2025 à 08h30.

Mayotte : L’indispensable solidarité et la nécessaire politique anticoloniale

Le cyclone Chido a ravagé Mayotte le 14 décembre 2024. Cette île de l’archipel des Comores a été érigée en 101e département français le 31 mars 2001. 

Ce qui frappe en premier lieu c’est la misère de Mayotte. Son extrême vulnérabilité qui en a fait un champ de ruines après le passage de Chido. Voilà un département français dont les chiffres officiels fournis par l’Insee sont éloquents en eux-mêmes : 77 % sous le seuil de pauvreté, 66 % de la population vit dans des bidonvilles, 37 % de taux de chômage, 42 % avec un revenu mensuel inférieur à 160 euros. Voici la situation réservée à Mayotte par l’État français. Une situation qui a empiré au fil des opérations racistes comme Wuambushu.

Une gestion coloniale de la catastrophe

Mayotte frappée, c’est la France qui est touchée, entonne le gouvernement français. Branle-bas de combat, campagne médiatique de grande ampleur, défilé à Mayotte des ministres et du chef de l’État. C’est aussi le spectacle ubuesque de la France, au chevet de son département dans la détresse. 

Ce n’est pas le gouvernement Bayrou qui en modifiera la donne avec le mépris qu’il a affiché lors de son passage. Ni Marine Le Pen qui se ridiculise avec sa démagogie insipide sur la francité de Mayotte, un îlot français musulman à 10 000 km de Paris.

Ce qui est révoltant, c’est cette « solidarité nationale » fortement marquée par le traitement colonial de « l’outre-mer ». On doit y ajouter la politique consistant à briser l’unité de l’archipel des Comores pour « ancrer Mayotte » dans la République française. À l’encontre des intérêts immédiats de la population qui a surtout besoin d’aide.

Sa priorité, c’est d’empêcher la solidarité comorienne afin de couper le cordon ombilical qui lie les îles de l’Archipel. Pensez-donc ! Mayotte n’est plus présentée comme une des îles des Comores, mais comme un archipel en tant que tel, dans l’objectif perfide de la sortir de son ensemble naturel. La géographie obéirait donc aux désidératas des dirigeants français. 

Solidarité et reconstruction au sein des Comores

Face à la catastrophe, la solidarité doit jouer pleinement comme à l’habitude. Malheureusement ce n’est pas ce qui anime le gouvernement. Face au problème vital de l’eau qui se posait en lendemain de Chido, l’État a fait barrage à Anjouan préférant transiter par La Réunion, à plus de 1 500 km. Pire encore, Retailleau et consorts brandissent leur arme magique : l’immigration illégale comme si elle était responsable de la calamité naturelle et devrait donc être la boussole de la reconstruction.

Il n’en reste pas moins que la solidarité des ComorienNEs joue à plein, aux Comores comme dans la diaspora en France. Ils utilisent même les frêles embarcations désignées « kwassa kwassa » pour ravitailler Mayotte en eau et autres produits de première nécessité tandis qu’en France, ils se sont dotés de cagnottes dédiées telle que « SOS Chido ». C’est une cagnotte importante, car avec près de 400 000 ComorienNEs vivant en France, principalement à Marseille, Paris et Lyon, cette campagne de solidarité est possible.

Enfin, en cette 50e année de l’indépendance des Comores, nous devons faire en sorte que Mayotte ne reste pas isolée, et certainement pas du reste des Comores !

Toute reconstruction de Mayotte qui ne l’insère pas dans son environnement naturel sera inévitablement vouée à l’échec, et c’est pourtant la voie suivie par Macron et ses gouvernements éphémères.

Idriss Mohamed et Valentin Pantin