Publié le Jeudi 31 mars 2016 à 09h14.

Chômage : Le gouvernement en faillite

Distribuer de l’argent aux entreprises, faciliter les licenciements, ça ne crée pas d’emplois stables, même si c’est bon pour les profits.

Le nombre des chômeurs inscrits à Pôle emploi et sans aucune activité (catégorie A) est reparti à la hausse en février passant à 3 591 000 (hors départements d’outre-mer), soit un accroissement de 38 400 par rapport à janvier. Il faut remonter à septembre 2013 pour retrouver une progression plus soutenue d’un mois sur l’autre. Par ailleurs, 1 872 000 personnes exercent une activité réduite (catégories B, C). Cela fait au total 5 463 000 personnes activement à la recherche d’un emploi... auquel il faut ajouter 696 000 personnes inscrites à Pôle emploi et en formation, sur un CDD subventionné, etc.

Activité réduite ou chômage à plein temps

En janvier, le nombre de personnes en catégorie A avait baissé et celui des personnes en activités réduites augmenté. Ces activités réduites correspondent souvent à des emplois précaires : une partie de ceux qui les exerçaient les ont perdues en février et sont donc devenus chômeurs « à plein temps ». Cela illustre un phénomène général : pour beaucoup, d’abord des jeunes, la vie est faite d’alternances d’emplois précaires et de périodes de chômage. D’ailleurs, les moins de 25 ans, sans aucune activité, qui recherchent du travail, ont été un peu plus nombreux en février (+ 0,5 %), alors que leur nombre décroissait depuis des mois.

Le gouvernement monte en épingle d’autres chiffres sur le chômage produits par l’INSEE, chiffres qui annoncent une très légère baisse. L’INSEE indique en effet que le taux de chômage devrait atteindre 9,9 % (hors DOM) à la « mi-2016 » (contre 10,1 % au troisième trimestre 2015 et 10 % au dernier). Hollande a annoncé en janvier la mise en formation de 500 000 chômeurs. Cela favorisera aussi une baisse en trompe-l’œil, car un demandeur d’emploi sort des statistiques durant la durée de sa formation. De toute façon, si elle se concrétisait, une baisse de 0,1 % ne changerait rien à la situation de millions de personnes et de leurs familles.

Le mauvais exemple espagnol

Les résultats de février sont une illustration de la faillite de la politique de Hollande-Valls tout entière orientée vers la restauration des profits qui se traduisent un peu en investissements et pas du tout en emplois. Avec la loi travail, le gouvernement veut franchir une nouvelle étape en réduisant encore les garanties attachées au contrat de travail. Un résultat est certain : malgré le discours gouvernemental sur les futures embauches en CDI, si elle est adoptée, il y aura plus de précarité et d’incertitude pour les salariéEs.

C’est ce que montre le cas de l’Espagne, qui a mené en 2012 une réforme qui a inspiré Valls : emplois et embauches stables n’ont pas progressé... tandis qu’augmentaient inégalités et pauvreté. Le nombre des chômeurs a reculé plus que n’a augmenté le nombre d’emplois : des chômeurs découragés ont arrêté de chercher un emploi, les jeunes ont poursuivi leurs études et d’autres ont quitté le pays (ainsi, en 2014, 41 000 Espagnols ont émigré en Allemagne).

Avec la loi travail, y aurait-t-il plus d’emplois en France ? Peut-être plus d’emplois précarisés à un horizon d’un à deux ans, surtout dans les services (car dans l’industrie, comme tous les pays européens ont engagé les mêmes politiques, la concurrence y est féroce). Si, du moins, il n’y a pas un rebondissement de la crise économique…

Henri Wilno