Les salariés de CRC-Vivanco, à Neuilly-le-Réal (Allier), sont en lutte depuis la liquidation judiciaire de leur entreprise. Un désastre social savamment organisé au fil des années. En 2002, la société Genica, spécialisée dans l’emballage d’accessoires audio et de téléphonie, se fait absorber par son principal concurrent Vivanco France. Filiale du groupe Vivanco GMBH, coté à la bourse de Francfort, Vivanco France est détenu majoritairement par un fonds d’investissement américain, la Lone Star. En 2005, des réductions d’effectifs commencent. En 2007, Vivanco renonce au contrat avec Carrefour, son principal client. L’activité du site baisse donc de 50 %, et ne survit qu’avec les commandes de la Fnac.En 2008, le directeur du site, David Le Moal, se disait « plus que confiant en l’avenir » et prédisait un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros en trois ans, rassurant ainsi les salariés. Pourtant, quelques mois plus tard, il cède l’activité accessoires GSM qui représentait la plus grosse part d’activité du site. En juillet 2009, la société Vivanco France est scindée en deux, avec d’un côté l’administration et de l’autre la production. Celle-ci devient salariée de CRC, filiale de Vivanco. Du même coup, le président du groupe, Philippe Gerding, annonce qu’il ne versera plus un centime pour le site bourbonnais. Le 7 décembre 2009, Vivanco et CRC sont placés en procédure de sauvegarde par la direction. Entre-temps, Vivanco coupe les vivres de CRC qui se retrouve en cessation de paiement. Le 8 mars 2010, la liquidation judiciaire est prononcée – avec une dette de 520 000 euros qui seront payés par le contribuable – et 34 salariés se retrouvent sans emploi. Avec leurs avocats, ils entament des négociations qui n’aboutissent à rien ; la société leur propose 4 000 euros, payés en deux fois, en plus de leurs indemnités de licenciement, ce que les salariés rejettent en bloc. Ils portent plainte pour escroquerie et réclament 60 000 euros. Depuis, ils vont d’action en action : blocage de la nationale 7, opération escargot, manifestations, etc. Ils occupent le site 24 heures sur 24, à tour de rôle, avec l’aide de différents syndicats et organisations politiques (dont le NPA), de la préfecture et du conseil général. Seule la droite fait la sourde d’oreille. Pourtant, le ministre Christian Estrosi était averti de l’affaire par le député de l’Allier Guy Chambefort. Mais rien n’avance, un enterrement de première classe est en train de se produire et Vivanco trouve le moyen de répondre à coups de procédures. Chaque salarié reçoit ainsi une assignation en référé car la direction estime que les salariés occupent abusivement le site. Le 21 mars, ils se rendent avec leurs avocats pour la deuxième fois au supermarché Leclerc à Moulins pour obtenir un soutien alimentaire pour leur lutte, ce que le directeur du magasin avait déjà fait en leur donnant une palette de denrées alimentaires. Les travailleurs déterminés ont décidé de passer la vitesse supérieure si rien ne bouge dans les prochains jours, de faire venir des bouteilles de gaz sur le site pour être sûrs de se faire entendre par les médias nationaux et, bien sûr, l’État. Comité NPA de Vichy