L’état d’urgence pour la filière automobile diesel est enfin reconnu. Selon les estimations fournies par les constructeurs automobiles, elle rassemble en France 37500 salariéEs avec selon leurs prévisions la perte de 10000 à 15000 emplois dont 5500 menacés à court terme.
Près de 300 établissements sont menacés, dont six « en crise avérée à traiter d'urgence »et une trentaine « très fragilisés ». Et il ne s’agit que des chiffres chez les constructeurs et les principaux équipementiers, sans inclure tous les emplois induits autour des emplois directement menacés.
Lundi 11 mars au ministère des finances à Bercy, du « grand monde » a été réuni : deux anciens ministres de Sarkozy (Bruno LeMaire, actuel ministre de l’économie, et Luc Chatel, ancien ministre de l’Éducation nationale reconverti en chef de la « Plateforme automobile »), le lobby patronal de toute la filière, six présidents de régions, des dirigeants de PSA, Renault, Toyota et Michelin, le secrétaire général de la CGT…
Responsabilité de Macron et des constructeurs automobiles
Aucune ambiguïté : les responsables de cette situation scandaleusement niée depuis des années sont les constructeurs automobiles et les gouvernements, et en particulier français. Alors que les dangers des émanations de particules fines des motorisations diesel sont depuis longtemps dénoncés par l’Organisation mondiale de la santé et de nombreuses ONG, la population a été incitée à acheter des véhicules diesel. Et les utilisateurs de véhicules diesel anciens, les moins chers à l’achat et à l’usage, en sont aujourd'hui les premières victimes.
Quelques mois après la révélation du scandale diesel Volkswagen, qui a définitivement ébranlé la confiance envers le diesel partout dans le monde, le ministre omniscient de l’économie Macron osait déclarer en août 2016, devant les ouvriers de l’usine Bosch à Rodez, que le moteur diesel était « au cœur de la politique industrielle française » et de la « mobilité environnementale ».
Oui, la responsabilité de Macron et des constructeurs automobiles est totale, car ils ont délibérément provoqué cet état d’urgence en ignorant les alertes grandissantes depuis des années. Et, comble du scandale, ils essaient encore aujourd’hui de rentabiliser plus longtemps leurs anciens outils industriels en ayant recours au chantage à l’emploi. À la manière des industries du tabac, de l’amiante, ou encore de Monsanto, ils mobilisent enquêtes biaisées pour tenter de démentir un consensus scientifique. Et force est de reconnaître qu’ils peuvent connaître un écho parmi celles et ceux qui voient dans la dénonciation du diesel un complot contre l’emploi et l’industrie.
Refuser ce chantage, c’est exiger que la garantie de l’emploi pour touTEs soit un préalable non négociable à la reconversion inéluctable de la filière diesel. Et nous ne comptons ni sur les constructeurs automobiles ni sur le gouvernement pour « offrir » naturellement cette garantie. La garantie de l’emploi ne pourra être obtenu que par une mobilisation d’ensemble. Aux provocateurs pollueurs de payer !
Publié sur NPA Auto critique (http://www.npa-auto-crit…)