Publié le Mardi 2 mai 2017 à 15h04.

Équipementiers auto : La course aux profits

Les salariéEs de l’entreprise GM&S Industry (La Souterraine dans la Creuse) ont manifesté en investissant mercredi 19 avril les Champs-Élysées devant les vitrines rutilantes des concessions Renault et PSA. Cela fait plusieurs mois mois qu’ils résistent à l’asphyxie de leur usine décrétée par les donneurs d’ordre que sont, pour leur usine, Renault et PSA. Ils multiplient occupations, blocage de l’usine PSA de Poissy, interpellation des directions de Renault et PSA ainsi que des pouvoirs publics.

La réduction drastique des commandes des deux constructeurs automobiles français est une leçon de choses brutale des restructurations qui accompagnent le secteur des équipementiers et de la sous-traitance automobile en pleine croissance des profits.

La concentration des équipementiers

Alors que le secteur des équipementiers automobiles était jusqu’au début des années 2000 beaucoup plus dispersé que les constructeurs automobiles, quelques champions français de la mondialisation émergent avec Valéo et Faurecia, filiale de PSA, parmi les dix plus gros équipementiers automobiles dans le monde. Ils deviennent des acteurs importants de l’industrie automobile en Chine. Les changements technologiques à l’œuvre dans la fabrication des automobiles donnent une place de plus en plus importante aux équipements bourrés d’électronique embarquée et achetés par les firmes automobiles. En 2016, Valéo a déposé en France plus de brevets industriels que PSA, et espère croître au plan mondial de 10 % par an d’ici à 2025.

Dans cette concentration en cours, les constructeurs automobiles ont choisi les partenaires avec qui se répartir les profits et il n’y a pas de place pour l’essor de firmes moyennes encore indépendantes. Voilà pourquoi les constructeurs automobiles, s’ils ne sont pas  contraints, laissent tomber une usine comme celle de GM&S.

Le groupe Arche en déconfiture

L’usine GM&S appartient au groupe Arche, l’un des premiers fabricants français de pièces moulées en aluminium de moteurs et de boîtes de vitesses pour l’automobile. Ce groupe avait connu une croissance très rapide au début des années 2000, son usine mère étant situé dans le bassin de Decazeville dans l’Aveyron. Il avait triplé son activité d’un coup en 2007 à coups de rachats et de subventions publiques. Mais depuis juillet 2016, le groupe est en déconfiture.

Plusieurs usines du groupe dont celles de La Souterraine et de Decazeville sont en procédure de sauvegarde ou en redressement judiciaire. Dans l’opacité la plus totale, ce sont des tribunaux de commerce, fondés de pouvoir du patronat depuis des décennies, qui sont appelés à décider de l’avenir de centaines de salariéEs.

Faire converger les résistances

Une déclaration, signée conjointement par les syndicats CGT et FO de GM&S, le syndicat CGT SAM, les syndicats CGT, FO et CGC de FVM et le syndicat CFDT de SERMI, avait pointé au mois de mars les responsabilités de PSA, de Renault et de l’État.

Les ouvriers de l’usine GM&S, par une résistance qui dure depuis plusieurs mois, désignent les véritables responsables et en appellent à la convergence de ceux qui en font les frais, qu’ils soient salariéEs dans les entreprises donneuses d’ordre, ici Renault ou PSA, ou dans celles qui n’ont qu’à obéir aux ordres. Ils montrent où se situe l’enjeu du « tous ensemble » à construire pour qu’ils puissent avoir le droit élémentaire d’avoir du travail !

Jean-Claude Vessillier