Depuis plus de quatre semaines, les salariéEs de la Fonderie de Bretagne (FDB, ex-SBFM) conduisent une lutte exemplaire de combativité et d’inventivité contre la cession par la direction de Renault de l’unité de production de Caudan (56) et le risque de liquidation et de licenciements massifs.
Partout en France, au prétexte fallacieux d’une réorientation écologique, les fonderies automobile sont menacées de liquidation, voire de fermeture, et de perte d’emplois.
Ainsi après une semaine de manifestations, les salariés de la fonderie MBF de Saint-Claude redoutent le pire : mardi, le tribunal de commerce de Dijon devait se prononcer sur la seule offre de reprise de l’usine. Désespérés, ils ont placé des bouteilles de gaz dans leurs locaux, menaçant de les faire sauter en cas de fermeture.
À la FDB, les grévistes refusent cet argument, eux qui ont démontré que l’outil de production fiable pouvait s’adapter, eux qui produisent déjà pour la Zoé, véhicule électrique, et peuvent encore diversifier la production.
Mais là n’est pas le problème dans le conflit qui les oppose à Renault et à l’État, principal actionnaire de Renault.
En réduisant fortement le tonnage de fabrication à Caudan et en le délocalisant vers des pays à « bas coût salarial » et à l’exploitation féroce pour, par la suite, faire revenir les véhicules à la vente en France (bonjour l’arnaque écologique et le CO2 sur les routes), la direction de Renault veut la peau de ce collectif de salariéEs ayant conquis de haute lutte dans la décennie précédente leur rattachement à la société Renault.
Elle veut casser un haut lieu de combativité et de lutte des classes à la tradition et histoire ouvrières bien trempées, afin de privilégier d’abord les profits des actionnaires.
Elle veut en finir avec ces ouvriers de la FDB, les anciens de la SBFM qui participent aussi activement à la lutte et au soutien d’un territoire et même de toute la Bretagne.
Elle veut briser une organisation des salariéEs, des grévistes fortement syndiqués à une CGT de lutte qui ne veut pas céder malgré les pressions, les menaces judiciaires, répression policières et les mensonges selon lesquels la grève serait minoritaire.
Mercredi 19 mai, ce sont encore 242 ouvriers sur 350 (l’immense majorité des productifs) qui se sont retrouvés en AG pour décider de la poursuite du mouvement de grève et des actions à mener. « Les non-grévistes travaillent dans les bureaux, dans l’administratif. Sans nous ils ne peuvent pas redémarrer l’usine » disent-ils.
De fortes délégations se sont aussi déplacées sur le site de Villeroy en Seine-et-Marne et à Vannes, préfecture du Morbihan.
Alors certes, ne nous voilons pas la face : la lutte est dure, épuisante, et la situation n’est pas identique à celle de 2008-2009 quand les grévistes et la CGT avaient arraché leur rattachement au donneur d’ordres, la société Renault.
Aujourd’hui, renversement de situation : c’est le donneur d’ordres Renault qui lâche la fonderie et refuse toute discussion réelle. Aujourd’hui les autorités publiques pèsent de peu de poids en faveur des fondeurs.
Cette grève est exemplaire par sa longueur et sa détermination. Elle force le respect et a besoin de tout notre soutien actif, militant, financier.
Mais plus. Ce combat doit s’élargir aux autres fonderies, aux usines Renault dans leur ensemble pour obliger la société Renault à revenir sur sa décision.
Cette lutte s’inscrit dans la volonté des travailleuses et travailleurs de ne pas payer les frais de cette crise capitaliste et de l’appétit des actionnaires.
Contre les licenciements, pour le maintien de l’unité de production au sein de Renault tout en étant novateur sur le plan écologique, ce sont les ouvrières et ouvriers qui sont le mieux placés pour affirmer des solutions viables et pérennes.
Oui cela pose la question de la reconquête de Renault sous le contrôle des travailleurEs pour une vie et un travail dignes, parce que nos vies, nos emplois valent plus que leurs profits, réalisés sur le dos des exploitéEs et des oppriméEs.