« Ces salariés n’ont pas demandé la permission de faire grève », a affirmé à l’AFP François Segard, PDG des Fonderies du Nord à Hazebrouck. Trois salariés y ont appris qu’ils étaient mis à pied en arrivant à l’usine vendredi 1er avril pour prendre leur poste. Ils sont convoqués le 8 avril pour un entretien préalable à un licenciement. Le patron les accuse d’« absence inopinée ». En fait, ils ont fait grève le 31 mars et on leur reproche... de ne pas avoir donné de préavis. En réalité, les salariés du privé qui font grève (en dehors des transports) ne sont tenus à aucun préavis et que là où le préavis existe, il vise à informer l’entreprise, pas à demander la permission de faire grève.
Ce comportement patronal est un pur scandale. Il s’inscrit dans l’air du temps sous Hollande-Valls. Des salariés d’Air France ont fait l’objet de procédures disciplinaires et judiciaires après l’« affaire » de la chemise. Des travailleurs de Goodyear sont sous la menace de peines de prison fermes. Les mesures disciplinaires se multiplient à La Poste contre les militants syndicaux combatifs.Dès son investiture, Hollande avait adressé un signal au patronat en refusant d’inclure les syndicalistes dans une loi d’amnistie. Rien d’étonnant à ce que les patrons soient à l’offensive pour réduire à néant le droit de grève dans le secteur privé ou, au moins, le rendre complètement indolore pour leur entreprise. Un des trois salariés menacés est dans l’entreprise depuis 36 ans, un autre depuis 15 ans, et le troisième depuis 11 ans. Et en fait, ils avaient d’ailleurs annoncé à l’avance qu’ils feraient grève.
Les patrons, qui se plaignent de l’épaisseur du code du travail, n’ont aucun scrupule à rejeter comme des malpropres celles et ceux qui ne font qu’exercer leurs droits.