Publié le Vendredi 28 février 2014 à 11h58.

Ford Blanquefort (33) : on est encore là !

À l’usine Ford, la situation n’est pas simple. Après deux ans de quasi inactivité où nous avons subi le chômage partiel, la production redémarre, avec une nouvelle boîte de vitesse et d’autres éléments à usiner ou assembler. Ford assure que tous les emplois seront sauvegardés, que le site sera pérennisé... 

C’est le contenu de l’accord signé le 24 mai 2013 entre les pouvoirs publics, le préfet et Ford Europe. Huit mois plus tard, un comité de suivi de cet accord a eu lieu. Une réunion censée faire le point sur la réalité des engagements, sachant que les aides financières publiques sont importantes : plus de 40 millions d’euros en deux ans, à comparer aux 125 millions d’investissements de Ford.Les dirigeants de la multinationale prennent une posture sereine : pour eux, pas de raison de s’inquiéter. Même si le chômage partiel continue en 2014, les lancements de toutes les productions finiront par occuper l’ensemble des emplois. Ça c’est le discours officiel. Mais du côté des salariés et des syndicats, ce n’est pas du tout la même certitude.En fait, Ford semble jouer la montre et une partie de bluff, car il n’y a pas d’éléments concrets sur l’activité pour les deux ou trois ans qui viennent. Ford reste en réalité très opaque sur ses intentions, sur sa « stratégie », et sur son plan de production. Les pouvoirs publics ne sont pas très exigeants et laissent à Ford une marge de manœuvre trop importante.

Optimisme de la direction, doute des salariésBien sûr, il vaut mieux entendre un patron affirmer que les emplois seront maintenus, mais cela ne peut suffire à nous rassurer. Nous avons trop l’expérience des mensonges des dirigeants, de leurs manipulations diverses. C’est maintenant qu’il faut des décisions concrètes qui donnent une visibilité pour l’avenir, pas demain quand il sera trop tard. Il faut de nouveaux investissements et une nouvelle activité importante.C’est pour cela que la CGT Ford avait appelé à l’action le jour du comité de suivi. Très peu de salariés se sont mobilisés devant l’hôtel préfectoral. C’est logique, il n’y a pas de menaces directes aujourd’hui, seulement un danger pour demain. Alors le sens de cette action était de faire entendre nos inquiétudes, de dénoncer l’absence de transparence de Ford, et de sensibiliser les pouvoirs publics sur le fait que tout est loin d’être réglé. Il fallait empêcher que ressorte de cette réunion la seule autosatisfaction de tout ce beau monde...C’est chose faite, car dans tous les médias, on a certes entendu les discours optimistes de Ford mais aussi les doutes des salariés. Cela ne change pas la donne mais ça permet au moins de montrer que nous sommes toujours là à batailler pour nos emplois, ce qui crée une pression sur les pouvoirs publics et sur les dirigeants de Ford. Il était aussi important de convaincre l’ensemble des travailleurs de l’usine que nous avons intérêt de nous occuper de nos affaires, de ne pas laisser faire Ford : nous sommes quand même les premiers concernés... À suivre.

Correspondant