Publié le Mardi 7 mai 2019 à 17h03.

France Télécom : le procès des briseurs de vie

Ils sont tous coupables ! Quel que soit le jugement que portera une justice que nous savons bridée, il sera issu de ce qui s’annonce comme un procès d’envergure (du 6 mai au 12 juillet), fortement médiatisé. Quelle que soit la condamnation finale des six personnes physiques – toutes  des hommes – et de la personne morale mises en examen pour harcèlement moral et complicité, tout le monde le sait, du plus haut responsable politique jusqu’aux tréfonds de l’opinion : ce qu’ils ont fait était criminel.

Coupable Didier Lombard. Coupables, les six autres cadres et hauts dirigeants de la nouvelle France Télécom SA, et la SA elle-même. Tous coupables ! Ils savaient ce qu’ils faisaient, et ils assumaient de commettre ce qu’ils savaient être un potentiel crime industriel de masse, tel que le suggère Me Teyssonière, avocat des parties civiles. En effet, comment qualifier autrement le contournement, par un plan massif de licenciement déguisé, du droit de la fonction publique en son cœur, la protection de l’emploi ? Et de choisir de procéder à grands renforts de menaces, de pressions, de flicage permanent des salariéEs, afin de pousser au désespoir toutes celles et ceux qu’on ne pouvait licencier ? Et de tenter d’armer par une offensive idéologique de chaque instant tout l’encadrement intermédiaire afin qu’il participe au dégraissage de ses propres collègues? Que ne sont-ce là sinon des crimes ? Et tout cela pour quoi ? Pour un but bassement lucratif : la rémunération de l’actionnaire ! Dans leurs ressorts profonds, les intentions de l’équipe dirigeante sont celles d’un crime crapuleux, commis, assumé, en bande organisée, jusqu’aux dizaines de morts.

Un élément vient éclairer les enjeux réels de ce procès : le fait que les parties civiles syndicales – par l’ensemble de la production des CHSCT, de l’inspection du travail et de l’observatoire intersyndical du stress et des mutations forcées, mis en place par SUD et la CFE-CGC – visent à démontrer l’existence d’un harcèlement systémique. Si celui-là est retenu, alors c’est, à travers l’ampleur et le caractère scandaleux du « crash plan » mis en place volontairement par la direction, le vrai visage du néo-management triomphant qui sera reconnu : un harcèlement de masse, imposé de manière systématique, à touTEs les travailleurEs. Autant de raisons pour que les militantE anticapitalistes fassent de ce procès l’objet d’une agitation spécifique sur leurs lieux de travail, quels qu’ils soient.

Camarade Beub