Six milliards d’euros. C’est, selon de premières estimations, le montant – minimum – auquel s’établiraient les fraudes au chômage partiel. Des fraudes qui, on l’aura compris au vu du silence assourdissant du gouvernement, et malgré les commentaires de certains mal-intentionnés qui ont voulu « charger » les travailleurEs, sont à mettre au « crédit » d’entreprises qui ont jugé opportun de faire appel aux aides de l’État tout en faisant travailler leurs salariéEs.
D’après le ministère du Travail, ce sont pas moins de 8,6 millions de salariéEs qui ont été au chômage technique au mois d’avril, en moyenne 2,8 semaines dans le mois. Les chiffres sont énormes, à l’image de l’ampleur de la crise provoquée par l’épidémie de Covid-19, et certains n’ont pas manqué d’y voir une occasion de se gaver d’argent public.
Selon une enquête réalisée par l’UGICT-CGT auprès de 34 000 salariéEs, ce sont pas moins d’un quart d’entre elles et eux qui auraient travaillé tout étant déclarés comme chômeurEs par leurs employeurs : pour ces derniers, c’est le beurre et l’argent du beurre, puisque 84 % du salaire net était payé par l’État tandis que la plus-value créée par le travail – illégal – continuait de tomber dans les caisses de l’entreprise !
Ce sont ainsi des milliards d’euros qui ont été détournés par ces patrons peu scrupuleux, sans qu’aucun contrôle ne soit réellement effectué et sans qu’aucune sanction ne soit prise. On a connu les autorités plus pointilleuses sur l’argent public et sur les mécanismes de contrôle des bénéficiaires d’aides diverses. Les chômeurEs, entre autres, peuvent en témoigner…
L’affaire commençant à être un peu médiatisée, Bruno Le Maire a finalement été contraint de s’exprimer le 31 mai, tout en empathie pour les entreprises : « On attend des entreprises qu’elles respectent évidemment les règles, et les abus qui restent à mon sens des abus marginaux, ils devront être sanctionnés ». Tremblez, patrons !
On pourrait feindre de s’étonner que ces détournements massifs ne soient pas l’objet d’un véritable scandale, dont s’empareraient responsables politiques et grands médias. Mais il n’y a malheureusement rien d’étonnant à cela, tant le pouvoir et ses relais médiatiques nous ont donné l’habitude d’être, selon l’expression consacrée, « faibles avec les forts et forts avec les faibles ». Un scandale qui vient s’ajouter aux autres, et qui confirme, s’il en était besoin, qu’il est plus que temps d’en finir avec Macron et son monde de patrons-voyous.