Les salariéEs de cette fonderie sont en colère. Depuis des mois, ils sont baladés par leur patron et les pouvoirs publics à coup de tables rondes. L’usine est en redressement judiciaire depuis novembre 2013. Au fil des mois et des séances au tribunal, avec la menace d’une liquidation à tout moment, avec à chaque fois des délais supplémentaires, les salariéEs étaient partagés entre attente, espoir et écœurement (voir l’Anticapitaliste n°270).
Priorité a donc été donnée au « jeu » bizarre que l’on appelle le « dialogue social »... Mais au final, les manœuvres ont abouti à une catastrophe plus que prévisible : seulement 29 salariéEs seraient « sauvés » grâce à une pseudo reprise si peu crédible. Les autres salariéEs seraient tout simplement licenciés. La stratégie classique pour diviser et pour laisser une « issue » autre que la lutte.Alors, depuis ce jeudi 19 février, comme un baroud d’honneur, les salariéEs se sont mis en colère et occupent leur usine, menaçant même de faire exploser une vieille grosse machine Watt. Ils exigent des indemnités de licenciement importantes, à la hauteur des longues années de chômage en perspective dans une région sinistrée par une désindustrialisation spectaculaire.Il n’empêche que la bataille contre une fermeture inacceptable, pour la défense des emplois, reste d’actualité. C’est ce à quoi s’attachent à faire entendre les militants NPA du département qui ont naturellement apporté une solidarité totale : discuter de comment changer la donne d’une situation qui apparaît bien sûr très mal embarquée.
Changer la donneCette usine de 136 salariéEs fait figure de « survivante » dans la région. Elle reste un symbole de résistance, avec des années de luttes et même une expérience de gestion ouvrière durant 4 ans avec notre camarade Ignace Garay récemment décédé. Quitte à bloquer l’usine et à se préparer à en faire exploser une partie, autant essayer de s’opposer jusqu’au bout à la fermeture et à défendre la totalité des emplois. Dire non à ce que patrons et politiques essaient de faire accepter aux salariéEs et à la population comme une fatalité.Ce qui nous manque, ici dans le Lot-et-Garonne comme partout, c’est le sentiment que nous pouvons agir collectivement et avoir la force d’empêcher les logiques destructrices du capitalisme. L’absence de perspective de lutte collective nous coûte cher. Le gouvernement, les pouvoirs publics et les élus locaux, ont une grande part de responsabilité en couvrant les stratégies patronales. Mais les directions syndicales nationales et régionales en ont aussi leur part en restant inactives, car vraiment rien n’a été tenté à Fumel pour s’opposer à ce qui se préparait.Que faire pour changer la donne ? Un sursaut, trouver les moyens de regrouper toutes les organisations du mouvement social, avec les salariéEs d’autres secteurs qui résistent aussi dans leur coin, pour agir ensemble et mobiliser la population. Un meeting, une manifestation pour l’emploi dans la région ? Possible ou pas, on a toutes les raisons de le tenter.
L’équipe militante du 47