Les 26 et 27 décembre, la plateforme Calex, groupe Geodis, sur le port de Gennevilliers, a été quasiment paralysée par une grève, traitant à peine un quart des colis – la part faite par les intérimaires.
La totalité des salariés des quais ont participé à la grève, y compris la petite maîtrise, les managers, et les nouveaux embauchés. Les bureaux sont restés à l’écart, mais ont massivement refusé de remplacer les grévistes. Le 28 décembre, la direction a détourné les camions vers d’autres plateformes du groupe. Les quais s’étant vidés, la décision a été prise collectivement de suspendre le mouvement le 28 à 18 heures pour le reprendre après le pont du 1er janvier.
Changement d’état d’esprit
Mercredi 2 janvier, la tactique est définie : débrayages toujours aussi massifs quand des camions arrivent et suspension du mouvement quand les quais sont vides. Les grévistes ménagent ainsi leurs forces, et la direction de Geodis est dans la panade : il lui est très difficile de traiter sur les autres sites les paquets de Gennevilliers et elle ne peut pas planifier l’utilisation du site. Les actions sont décidées dans des AG quotidiennes animées par l’équipe CGT. Des négociations doivent s’ouvrir cette semaine et la direction a donné des engagements verbaux pour l’embauche d’intérimaires.
Ce mouvement révèle un changement d’état d’esprit chez nombre de salariéEs, favorisé par le mouvement des Gilets jaunes. Leur détermination, leur insolence impressionnent malgré les propos haineux de journalistes à la télé. En plus, ils arrivent à obtenir des reculs du gouvernement. La promesse de prime de fin d’année par Macron a été un déclic. Comprenant bien cette ambiance, la CGT Geodis a distribué un tract qui a mis le feu aux poudres et abouti à la grève. Les revendications sont claires : augmentation de 200 euros, aucun salaire de base à moins de 1 700 euros, 1 000 euros de prime de fin d’année, et embauche d’au moins 30 intérimaires.
Ce changement dans les mentalités a produit des effets rapides sur le site de Gennevilliers, avec l’enracinement de la CGT et ses militants déterminés et respectueux de la démocratie ouvrière.
Dans d’autres lieux et secteurs moins bien organisés, ces changements peuvent se produire aussi, il faut y être attentif et réactif.
Correspondant