Publié le Mercredi 24 mai 2017 à 23h48.

GM&S : un combat exemplaire

Ce mardi 23 mai, le tribunal de commerce de Poitiers devait décider de l’avenir immédiat de l’équipementier automobile GM&S...

Aux portes du tribunal, 500 personnes, dont 250 salariéEs de l’usine et des délégations essentiellement CGT de la Vienne et de départements limitrophes, étaient rassemblées pour apporter leur soutien aux 279 salariéEs mobilisés depuis plusieurs mois pour sauvegarder leurs emplois.

Philippe Poutou (présent ainsi que Mickaël Wamen de l’ex-CGT Goodyear) était de nouveau très sollicité par des salariéEs, confortés dans leur volonté de se battre par ses prestations face à Le Pen, Fillon et Macron lors de la campagne présidentielle.

La décision sera rendue mercredi 24 mai et les salariéEs décideront de la poursuite de leur lutte en assemblée générale. Dans tous les cas, rien que du provisoire. Soit la liquidation immédiate qui signifie la fin de l’activité de l’entreprise (mais le tribunal peut repousser l’échéance de plusieurs mois). Soit un prolongement de la période d’observation.

Le site de GM&S à La Souterraine est le deuxième employeur privé de Creuse. L’entreprise est en redressement judiciaire depuis décembre. Les salariéEs occupent le site depuis le 11 mai et l’ont «piégé» avec des bonbonnes de gaz. Ils se battent pour obtenir un sursis en vue d’une reprise.

À quel prix ?

Pourtant le gouvernement n’a pas ménagé ses efforts ces derniers jours pour éviter que « ça pète ! ». Multipliant les rencontres avec les salariéEs et les organisations syndicales, le pouvoir cherche un compromis entre son libéralisme congénital  et sa volonté de montrer que l’État n’est pas complètement impuissant devant les diktats patronaux, début de quinquennat et élections législatives obligent. Pourtant les organisations syndicales et les salariéEs préfèrent parler de sursis que de franche victoire et craignent que le prix à payer soit lourd.

En effet, si le ministre de l’Économie, Bruno Lemaire, prétend avoir obtenu de PSA et de Renault l’engagement de porter respectivement leurs commandes de 10 à 12 millions d’euros et de 5 à 10 millions, on est loin des 35 à 40 millions nécessaires pour assurer la pérennité du site. En tout état de cause, cette enveloppe de commandes ne permettrait de conserver que 90 à 100 emplois à La Souterraine. En l’occurrence, l’équipementier GMD, qui a généré 752 millions d’euros de ventes en 2016, sollicité par les constructeurs et les équipementiers français et probablement aussi par le gouvernement, accepterait de reprendre l’entreprise et cette centaine de salariéEs à condition d’obtenir une refonte du foncier de GM&S et une prise en charge d’une éventuelle dépollution du site. De fait, les terrains et les locaux appartiennent toujours à Altia, le groupe qui a cédé GM&S à son actuel propriétaire italien en 2014... Un très mauvais souvenir pour les salariéEs.

Les uns, gouvernement, et les autres, GMD, ne font pas mystère du fait que la reprise de l’activité ne se fera qu’au prix de nombreuses suppressions de postes de travail et d’une réorganisation pour « gagner de la compétitivité » : en gros produire autant avec moins de salariéEs, donc une dégradation des conditions de travail. La lutte pour conserver tous les emplois continue pour les salariéEs de GM&S, plus que jamais décidés à se battre « jusqu’au bout ».

Robert Pelletier