Publié le Vendredi 6 janvier 2023 à 08h00.

Go Sport, plus de 2 000 salariéEs inquiets pour leur avenir

Le tribunal de commerce de Grenoble est chargé de dresser un état des finances de la société Go Sport (2 160 salariéEs et 87 établissements), avant de rendre une décision sur son avenir le 16 janvier prochain. L’affaire illustre l’opacité des comptes des grandes entreprises capitalistes.

Les salariéEs ont de quoi être inquiets : l’enseigne est déficitaire depuis 17 ans et a été cédée en 2021 pour un euro à un fonds d’investissement appartenant à Michel Ohayon… qui n’est autre que le propriétaire de Camaïeu dont les 2 600 salariéEs ont été licenciés cet automne après une liquidation judiciaire express.

Obscurs décaissements et impayés

Un rapport du commissaire aux comptes fait état d’une dégradation du chiffre d’affaires et de la trésorerie de Go Sport, marquée par d’obscurs décaissements à hauteur de 36,3 millions d’euros.

La direction de l’entreprise s’offusque d’un rapport « erroné », explique les décaissements par des transferts intragroupes légaux et promet des bénéfices en 2023. Une défense qui contraste avec les témoignages de représentantEs du personnel qui relatent, eux, que quantité d’articles manquent en rayon du fait d’impayés.

Mais les armes sont inégales. Le droit d’alerte exercé par les représentantEs du personnel se limite légalement à une demande d’explication de l’employeur et à une saisine des organes de direction de l’entreprise… qui peuvent ne pas en tenir compte sous réserve d’une réponse motivée. De l’autre côté, les patrons peuvent, sans justification auprès des salariéEs, organiser des mouvements de fonds, contester les affirmations des commissaires aux comptes par communiqué de presse et s’en remettre à un tribunal intégralement composé… de patrons. En outre, les ordonnances Macron de 2017 ont raccourci la procédure de licenciement collectif pour motif économique, compromettant les luttes pour la défense des emplois.

La loi organise la défense du capital : si l’ouverture des livres de comptes est une nécessité, la transparence ne sera complète que par la remise en cause du droit de propriété privée.