Publié le Mardi 22 février 2022 à 12h11.

Grève pour les salaires à BioMérieux (région lyonnaise): ça continue !

La grève à BioMérieux commencée le mercredi 9 février, en était lundi 21 février à son 9e jour.

BioMérieux, leader mondial du diagnostic médical, produit entre autres des réactifs pour les tests covid qui se sont vendus comme des petits pains au cours de la pandémie. Ses bénéfices se sont chiffrés en centaines de millions d’euros ces dernières années. Comme à son habitude, la boîte n’a pourtant proposé qu’une petite prime exceptionnelle et une augmentation de salaire dérisoire lors des dernières négociations annuelles obligatoires. C’est ce qui a mis le feu aux poudres. Environ 80 salariéEs de la production du site de Craponne se sont mis en grève pour réclamer 300 euros d’augmentation pour touTEs !

L’extension à Craponne…

Depuis, la grève n’a cessé de s’étendre. À Craponne d’abord, où le piquet de grève, très visible à l’entrée de l’usine, avec barnum, barbecue, brasero, sono, a donné envie à quelques dizaines d’hésitantEs de rejoindre la grève. D’autant plus que les grévistes n’hésitent pas à arrêter les voitures entrant sur le site pour essayer de convaincre leurs collègues qui s’apprêtent à prendre leur poste (ou qui en sortent) à venir les rejoindre : « Et toi, tu es satisfait de ton salaire ? Parce qu’on se bat pour 300 euros ! C’est maintenant ou jamais ! » Tout cela dans la joie et la bonne humeur, sans aucune amertume envers les collègues récalcitrants.

… et à Marcy-l’Étoile

La grève s’est aussi étendue sur le site de Marcy-l’Étoile, voisin de sept kilomètres. Quelques salariés de production de Marcy ont répondu à l’appel de Craponne dès les premiers jours. Ensemble, en assemblée générale, les grévistes ont décidé de stratégies pour aller « débrayer » Marcy. Des équipes se sont formées pour se rendre à l’entrée de la boite à 4h45, à l’embauche de l’équipe du matin et à la sortie de l’équipe de nuit. Le jeudi 17 février, il a même été décidé de déplacer le piquet de grève à Marcy pour faire la démonstration que cette grève n’était pas celle de Craponne mais celle de touTEs les salariéEs de BioMérieux prêts à se battre pour arracher de vraies augmentations de salaire. La direction, en effet, n’a pas manqué de passer dans les services pour tenter de dissuader les salariés, comme elle l’avait fait à Craponne : « avec l’intéressement et la participation, les augmentations ne sont pas si petites que ça… » « si vous n’arrivez pas à boucler vos fins de mois, c’est que vous ne savez pas gérer votre budget », « de toute façon les NAO sont fermées, on ne les rouvrira pas… ». Peine perdue puisqu’une soixantaine de salariéEs de Marcy sont venus grossir les rangs des grévistes !

Un comité d’organisation de la grève

Pour organiser le quotidien du piquet de grève, les stratégies d’extension, la communication avec la presse et les soutiens extérieurs, les grévistes ont nommé un comité d’organisation de la grève. Composé d’hommes, de femmes, syndicalistes ou non, de Marcy et de Craponne, celui-ci reflète bien la grève. Le comité organise et propose mais c’est l’Assemblée Générale qui décide. Comme lors de la première rencontre avec la direction, vendredi 18 février. L’AG a nommé 5 représentants qui sont allés écouter la direction qui leur proposait de mettre fin au conflit en échange d’avancer les négociations sur certaines primes et d’un chantage sur l’intéressement. Ils sont venus, ils ont réaffirmé qu’ils voulaient du salaire et rien d’autre et sont retournés en rendre compte à l’AG.

Des perspectives réjouissantes

En cette troisième semaine de grève, les grévistes se sont donc dotés d’un fonctionnement quotidien solidaire, d’instances d’organisation démocratiques, avec 200 grévistes environ dont un noyau dur d’une centaine très déterminés : de quoi tenir longtemps… Jusqu’à la victoire ? Une chose est certaine : le gain en matière de fierté, de solidarité et d’auto-organisation des travailleurEs, lui est déjà acquis !