Publié le Jeudi 9 mai 2019 à 10h38.

Grève(s) des éboueurs dans la Métropole de Lyon

Pendant un mois les ordures se sont entassées dans les rues de la métropole de Lyon. En effet, ce sont tour à tour les éboueurs de la Métropole puis les salariéEs de Pizzorno (entreprise à laquelle le Grand Lyon sous-traite une partie du ramassage des déchets) qui se sont mis en grève pour une amélioration des conditions de travail et une augmentation de salaire.

Pizzorno est une entreprise principalement basée en France, dont le chiffre d’affaires ne cesse d’augmenter : 218,6 millions d’euros en 2016, 232,9 millions en 2018 (+ 7,2 %). Et les conditions de travail ne cessent de se dégrader pour les travailleurEs : augmentation de la charge de travail (suppression de camions, de tournées), pression de la direction... 

Public, privé…

Les agents de la Métropole (salariéEs du secteur public), craignant que les salaires et conditions de travail soient progressivement calquées sur celles du privé, et donc fortement dégradées, se sont mis en grève le 19 mars. Les salariéEs du privé, encouragés par les grévistes du public, mais également par un renouvellement des déléguéEs syndicaux, ont quant à eux cessé le travail à partir du 2 avril, sous l’impulsion de Sud, seul syndicat impliqué dans la grève. Les grévistes revendiquaient l’alignement sur le public, avec une augmentation de 300 euros net et de meilleures conditions de travail, des tenues adaptées et renouvelées régulièrement (vestes, pantalons, chaussures de mauvaise qualité, souvent absence de gants), ne pas effectuer la collecte seul à l’arrière du camion (les monorippers), ne pas avoir à entrer à l’intérieur de la benne à ordure du camion pour la nettoyer… La Métropole, craignant une contagion de la grève à tous les éboueurs du territoire, s’est dès lors empressée d’accéder à de nombreuses revendications de ses agents du public, qui ont repris le travail après 17 jours de grève.

Pressions de la direction

ÉtudiantEs, syndicalistes et Gilets jaunes se sont relayéEs au piquet de grève pour soutenir les éboueurs en lutte. Un soutien essentiel face aux pressions exercées par la direction de Pizzorno sur les grévistes ! Alors qu’elle entravait le droit de grève par la réquisition de salariéEs des villes alentour et par l’embauche d’intérimaires, elle n’hésitait pas à appeler des huissiers de justice et la police pour débloquer le dépôt et faire partir les camions. Toutefois, ces différentes stratégies patronales n’ont pas suffi à masquer l’impact de la grève ! 

Les intérimaires n’ayant pas l’expérience des salariéEs (ce qui a d’ailleurs posé de nombreux problèmes de sécurité pour eux), mais surtout le manque d’effectifs (la direction n’a pas pu remplacer 90 % des éboueurs, et ce malgré les magouilles du Grand Lyon pour casser la grève et répartir la collecte entre plusieurs entreprises) ont conduit à l’entassement des déchets dans les rues, provoquant la colère des riverains.

Victoire en demi-teinte

Au bout de près de trois semaines de grève, la direction de Pizzorno, qui risquait d’importantes amendes et la perte de contrats avec la Métropole, a finalement accepté de négocier le jeudi 18 avril. Mais une journée avant les négociations, la direction de l’entreprise, qui ne pouvait que constater la détermination des grévistes, a décidé d’attaquer 9 d’entre eux en justice pour des motifs imaginaires dans le but d’intimider et de faire taire la contestation... ce qui n’a fait que souder d’autant plus les grévistes ! Le jugement a finalement été en leur faveur : les grévistes pouvaient continuer à tenir leur piquet devant le site à Vénissieux, ce que voulait empêcher la direction.

De nettes améliorations des conditions de travail, notamment sur les tenues, sur le nettoyage des bennes, ont été obtenues, ainsi qu’une prime de 50 euros. Une victoire en demi-teinte sur les revendications, mais les travailleurEs ont gagné en expérience et ils et elles savent maintenant que la seule façon de négocier, c’est par le rapport de forces, la grève ! De nombreux liens se sont créés entre ces travailleurs et les étudiantEs et, lors du 1er Mai, un cortège commun s’est constitué : c’est tous et toutes ensemble qu’on peut gagner !

Comité jeunes Lyon