Publié le Samedi 16 novembre 2019 à 11h00.

Grèves des sans-papiers Paris Banlieue... La lutte paie !

Entamée le 1er octobre, alors que se tenait à l’Assemblée Nationale un énième débat sur l’immigration, la grève coordonnée de 130 salariéEs sans papiers soutenuEs par leurs syndicats CGT constitue une belle victoire. Dans 11 des 12 entreprises touchées par des occupations ou des piquets de grève, les salariéEs sans papiers ont obtenu la délivrance par leurs employeurs les CERFA indispensables à toute demande de régularisation. 

Ce qu’il n’était pas possible d’obtenir quelques jours avant le mouvement le devenait sous la pression des grévistes. Mieux, sur certains sites, les directions acculées ont dû se résoudre à négocier sur des revendications allant au-delà de la régularisation. Ainsi au KFC de la place d’Italie, les grévistes ont obtenu la modification de leurs contrats de travail de 13h00 hebdomadaire à des contrats à temps plein. A Campanile ils/elles ont obtenu une révision de leurs prime et une requalification de leurs statuts (ce qui équivaut pour certains une hausse de salaire de 300 euros). 

Les patrons et les préfectures font de la résistance

A l’heure où est écrit ce texte, seul un patron sur les 12 concernés fait toujours de la résistance, celui de la boite d’intérim Cervus à Levallois Perret. Influencés peut-être par un syndrome d’impunité locale, les responsables de l’agence et les flics municipaux multiplient les provocations racistes et les menaces « Si vous remettez des affiches, je vous tire dessus »

S’appuyant sur la circulaire Valls du 28 novembre 2012, exigeant une présence d’au moins 5 ans sur le territoire français et des feuilles de paie relatives au séjour, les préfectures font du zèle et contestent les dossiers qui leur sont présentés par les organisations syndicales.

Chronopost : la lutte continue !

Jeudi 24 octobre, une manifestation des salariéEs de Chronopost filiale à 100 % de la Poste accompagnée de nombreux sans papiers et de leurs soutiens se rendait une nouvelle fois à la préfecture du Val de Marne pour y être entenduEs. Depuis 4 mois, ces salariéEs sont en lutte pour leur régularisation et se heurtent à une fin de non-recevoir. Ils/elles dénoncent un « système de sous-traitance en cascade » par lequel La Poste, Chronopost, Derigebourg et Mission Intérim se rejettent la patate chaude pour faire obstacle aux conditions de régularisation et maintenir un système bien huilé afin de perpétuer la précarité, des salaires au rabais et des conditions de travail intenables. Les grévistes et leur syndicat SUD exigent la régularisation de toutes et tous les salariéEs concernéEs ainsi que l’instauration d’un guichet unique de régularisation.

Les grèves et la solidarité sont nos armes 

Dans un autre registre, les femmes de ménage de l’hôtel Ibis Batignolles de Paris 17ème se battent avec courage et détermination depuis près de 4 mois pour obtenir « l’internalisation » de leur contrat de travail et exiger ainsi des salaires et des conditions de travail plus décents. Sans l’apport financier organisé par leur comité de soutien et les cagnottes de solidarité, leur lutte serait fragilisée et ne leur permettrait pas de tenir sur une aussi longue durée. 

Quelques leçons à tirer pour préparer la suite

Oser lutter, oser vaincre : lorsque des équipes syndicales réellement motivées donnent la confiance aux salariéEs sans papiers pour se mettre en grève contre le chantage patronal à la régularisation, contre la sur exploitation dont ils s et elles sont victime, elles trouvent le plus souvent des acteurs et des actrices déterminéEs et qui vont jusqu’au bout ! Pour cela, il faut utiliser l’arme syndicale qui permet d’éviter la dispersion, de regrouper les salariéEs d’un même employeur (certainEs par peur de la répression patronale et policière ne disent même pas à leurs collègues de travail qu’ils/elles sont sans papiers)

C’est le boulot des anticapitalistes de considérer comme un axe important de leur activité militante d’organiser la solidarité active aux luttes des sans-papiers qui sont la partie la plus exploitée et la plus vulnérable de notre classe !

Alain Pojolat