Publié le Jeudi 13 avril 2017 à 11h26.

Haribo : Le patron se sucre sur notre dos

Haribo n’échappe à la règle des grands groupes industriels et à leur logique ultra-libérale.

En quelques chiffres, Haribo c’est un chiffre d’affaires qui a doublé en dix ans (120 à 255 millions), des bénéfices qui explosent, mais paradoxalement, une masse salariale qui s’effrite, année après année, de 850 salariéEs en 2006 à 719 en 2017. En 2006, 96 % des ventes du marché français étaient fabriquées par les usines françaises, et en 2016 seulement 69 %. La différence est importée et fabriquée dans des pays à main-d’œuvre à bas coût. C’est en s’appuyant précisément sur ce dernier point qu’en février 2016, la direction d’Haribo a entamé un plan de restructuration visant à supprimer 110 emplois et en flexibilisant le temps de travail au maximum pour pouvoir produire la même quantité... avec moins de salariéEs.

Leur démocratie...

Pour se sentir légitime, la direction d’Haribo a mis en place un référendum, sans oublier de rappeler aux salariéEs que s’ils votaient non au plan, ça serait des suppressions d’emplois, avec comme épouvantail la construction d’une usine en Allemagne qui produira quatre fois plus que les deux sites français réunis et serait opérationnelle en 2020. Voilà donc ce qu’il en est de la démocratie au plus près des salariéEs, comme le défendaient les fervents supporters de la loi travail. Mais comme l’a souligné Philippe Poutou opposant l’immunité parlementaire à l’absence d’immunité ouvrière, ces lois permettent la démocratie patronale mais pas la démocratie ouvrière. Vous imaginez, si nous organisions des référendums pour augmenter tout les ouvriers de 50 euros ! Voyons, un peu de bon sens, nous diraient-ils…

La restructuration comprend également la délocalisation de certaines productions soit dans d’autres usines du groupes, soit vers la sous-traitance, ces départs de productions ont laissé 10 000 m2 de locaux vides. Ce que les salariés demandent, c’est que la direction investissent les 6 millions d’euros qui ont été mis sur la table pour financer les départs dans de l’investissement capacitif pour occuper les 10 000 m2 et permettre de pérenniser le site.

De nouvelles attaques

Chez Haribo, le plan de la direction a démarré, et les effectifs commencent à diminuer, ce qui se ressent sur les conditions de travail. Le taux d’absentéisme bat des records.

Mais déjà, une nouvelle bataille se profile : la direction d’Haribo a annoncé la construction d’ici à 2018 d’un nouveau siège social sur Marseille qui aura pour conséquence un détachement du siège social de l’usine de Marseille. Cela laisse présager une stratégie de délocalisation de volume de production vers d’autres pays d’Europe.

La mise en accusation du « coût du travail » est une stratégie patronale courante, mais qu’en est-il du fameux CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) : trois millions d’euros en trois ans pour Haribo...

Correspondant