Publié le Dimanche 28 juin 2015 à 09h40.

LA POSTE Des grèves et encore des grèves

La deuxième quinzaine du mois de juin s’avère particulièrement riche en grèves à La Poste. En 10 jours, des conflits se sont déclenchés dans les Bouches-du-Rhône, en Vendée, dans le Rhône, à Paris, à Nancy, en Haute-Normandie, en Drôme et en Ardèche... la liste n’est pas exhaustive. C’est très loin d’être la première fois que plusieurs conflits ont lieu au même moment. Cependant, les luttes menées par les postiers laissent entrevoir de nouvelles possibilités.

Àforce de délocaliser des centres postaux et d’en fermer d’autres pour concentrer les postiers dans de plus grosses unités, La Poste a fini par pousser les salariéEs à commencer à faire grève dans plusieurs centres à la fois. Un exemple parmi d’autres : un préavis de grève illimité a été déposé sur 3 bureaux de Toulouse faisant partie du même établissement (Toulouse Sud) à partir du 25 juin. 

Cette tendance naissante au regroupement des bureaux n’est cependant pas seulement le produit des restructurations patronales. Des tentatives conscientes de regroupement des luttes sont menées, comme par exemple dans les guichets de Paris 18e, où Olivier Besancenot et ses collègues du bureau Paris Bichat ont sillonné tous les bureaux de l’arrondissement fin mai et début juin avant de déposer un préavis de grève, ce qui a permis la semaine dernière de regrouper sur plusieurs jours jusqu’à une quarantaine de salariéEs (y compris des conseillerEs bancaires) en grève et en AG, dans des milieux de travail très atomisés. Même si la direction n’a pas cédé sur les principales revendications, les grévistes des différents établissements étaient très contents de tisser des liens et l’expérience accumulée est précieuse pour l’avenir .

Une tentative similaire est en train d’être menée dans la région de Marseille, où Sud PTT 13 a pris l’initiative de multiples préavis de grève : la semaine dernière, Marseille 13, Marseille 15 et Allauch ont fait 2 jours de grève au même moment, puis dans la foulée Martigues-Port de Bouc, avant de passer le relais cette semaine à Aix, Rognac, Velaux, Marseille-Les Docks, avec des préavis également déposés à Marseille 4 et 14… Résultat : La Poste a signé un protocole de fin de conflit à Martigues-Port-de-Bouc dès le deuxième jour de grève.

Quelques victoires

Cet exemple de victoire rapide n’est pas le seul : les bureaux de Challans, Aizenay, Saint-Gilles et Noirmoutier ont également fait grève la semaine dernière au même moment, là encore sous l’impulsion de Sud PTT. La direction a cédé sur Aizenay (où le taux de grève était très fort) dès le deuxième jour de grève. À Dardilly (69), le dépôt d’un préavis de grève a suffi pour que la direction maintienne le régime de travail des facteurs…

Cela ne signifie pas que La Poste cède partout, ni même qu’elle ait renoncé à la méthode du pourrissement des conflits : à Nancy-­Lobau par exemple, les facteurs sont en grève ­depuis le 16 juin (une centaine sur le piquet de grève) et la direction refuse toujours de négocier. 2014 avait été marqué à la Poste par des conflits de plusieurs mois dans le 92, le 91, à Paris 15, Aubigny ou Ajaccio, où les postiers en lutte avaient fait preuve d’une détermination impressionnante face à une direction qui ne lâchait rien, et avaient su se soutenir les uns les autres.

La grève régionale de Basse-Normandie de fin février 2015, qui avait fait reculer la direction sur plusieurs dizaines de sites concernant l’instauration d’horaires mixtes, fait encore figure d’exception au milieu d’une longue histoire de conflits nombreux mais dispersés. Mais on assiste peut-être à un début d’évolution dans les conflits sociaux à La Poste, avec une direction qui se voit obligée de lâcher prise de façon ciblée face à des conflits plus nombreux et un peu moins dispersés qu’auparavant.

Correspondant