Publié le Dimanche 4 décembre 2016 à 07h05.

La Poste : Grève nationale unitaire ce 8 décembre : enfin !

La Poste est à nouveau mise en cause sur la souffrance au travail... « Finis de trier ta tournée et après on appellera les pompiers » : la jeune postière  de Villeneuve-d’Ascq, en CDD depuis 2009, qui a fait un AVC sur son lieu de travail, a de nouveau mis en lumière la situation que vivent de nombreux postierEs.

Ce ne sont pas moins de 28 suicides de postiers qui ont été recensés par les organisations syndicales. C’est la politique de suppressions d’emplois massives (– 100 000 emplois en 10 ans) qui est en cause. La direction de La Poste argue d’une « baisse de trafic » du courrier. On envoie aujourd’hui beaucoup moins de cartes postales... mais la population augmente, et les volumes de colis et de recommandés sont en constante progression. L’augmentation de la charge de travail des facteurs est énorme : il n’est pas rare de voir les factrices et facteurs avoir des journées de 10 heures, avec des heures supplémentaires non payées ! De plus, on demande aujourd’hui aux postierEs de faire plusieurs métiers à la fois : les guichetiers deviennent par exemple des « chargés de clientèle », qui en plus de leur travail habituel vendent des téléphones, des produits bancaires et des assurances...

Pour faire passer cette politique, la pression managériale et disciplinaire devient bien plus stricte. Licenciements et procédures isciplinaires se sont multipliés : ainsi, Gaël Quirante, secrétaire départemental de SUD Poste 92 passe de nouveau au tribunal1 suite à une procédure de licenciement lancée en 2010.

Conflictualité sociale élevée, mais conflits dispersés

Ce nouvel épisode de médiatisation de La Poste a eu le mérite de soulever le voile sur une politique patronale impitoyable. Mais les médias s’intéressent beaucoup moins à une autre réalité du monde postal : les très nombreuses grèves que connaît La Poste depuis des années. Il est difficile de les dénombrer car elles ne sont pas recensées par les organisations syndicales. Mais ce qui est certain, c’est que depuis au moins 2014, des grèves reconductibles de plusieurs semaines ont régulièrement lieu.

Ainsi, les facteurs de Rivesaltes ont fait 215 jours (!) entre novembre 2015 et juin 2016, et ils et elles ont gagné contre les suppressions d’emplois et contre la répression de leur représentant CGT. En plein état d’urgence et en période de fêtes, les postiers de Neuilly (92) au côté d’autres bureaux parvenaient en janvier 2016 à annuler la délocalisation d’un service au bout de 82 jours de grève. À Asnières (92), qui a fait grève également au côté d’autres centres pendant 63 jours au moment de la mobilisation contre la loi travail, le plan de suppressions d’emplois a été annulé : il n’y a pas eu de réorganisation sur ce centre depuis 2010 et il n’y en aura pas avant 2019 ! Et plus récemment, les guichetiers de trois bureaux de Paris 13 ont également fait reculer La Poste sur les suppressions d’emplois après 40 jours de grève.

Tous ces conflits se sont caractérisés jusqu’à maintenant par une grande dispersion. Mais le contexte de dénonciation médiatique de La Poste et la bataille menée par un certain nombre d’équipes syndicales combatives SUD et CGT ont pesé dans le sens d’un regroupement des luttes : le 17 novembre, la CGT FAPT déposait des préavis de grève dans 30 départements, avec des mobilisations départementales parfois fortes comme dans le 78 (75 postierEs en AG). Et sur proposition de SUD-PTT, une journée de grève nationale va avoir lieu ce jeudi 8 décembre. La CGT et l’UNSA ont rejoint cet appel : ce sera donc le premier appel intersyndical national à La Poste depuis 2009 !

Correspondant

 

  • 1. Mardi 6 décembre à 8 h à la cour d’appel, 5, rue Carnot à Versailles (78).