Une nouvelle fois, la Cour des comptes a frappé, et pas de main morte. Dans son rapport rendu public la semaine dernière, elle a choisi les facteurs et factrices comme cible.
Selon son rapport, ils et elles seraient sous-occupés, insuffisamment rentables et trop souvent absentEs. Pour proférer de telles affirmations, les membres de la Cour des comptes se basent sur des éléments totalement tronqués. Ainsi, ils estiment que l’organisation du travail ne permet pas de prendre en compte en temps réel la baisse de trafic. En conséquence, les facteurs et factrices se retrouveraient sous-employés… omettant ainsi les nombreuses expertises réalisées par des cabinets indépendants qui indiquent que les méthodes de comptage du temps de travail sous-évaluent ce dernier et entraînent le non-paiement d'heures !
Nous pouvons constater une même « imprécision » au sujet de l’absentéisme, qualifié de coûteux pour l’entreprise. Certes, son niveau est anormalement élevé, et en toute logique, cette situation devrait inciter à entreprendre une analyse rigoureuse pour comprendre les causes et les corriger. La Cour des comptes se contente de reprendre des vieilles balivernes des dirigeants de La Poste se limitant à en faire porter la responsabilité au vieillissement des postierEs. Si c’était si simple, cet absentéisme devrait progresser plus fortement chez les fonctionnaires plus âgés. Or, c’est justement chez les salariéEs de droit privé (donc les plus jeunes) que l’augmentation est la plus sensible. Il aurait été plus honnête de se poser la question sur les conséquences de près de 28 000 suppressions d’emplois dans l’activité courrier en 10 ans !
Feu sur le service public !
La Cour des comptes félicite la direction de La Poste pour les réductions d’effectifs et les re-structurations, même si elle considère qu’elles ne vont pas assez vite. Il faut donc accélérer le mouvement. Toutefois, éclair de lucidité, ces prétendus experts estiment que les destructions d’emplois connaîtront une limite. Il faut donc trouver d’autres pistes. Simple, il suffit de liquider le service public !
Trois grandes options sont alors envisagées. Elle concerne la réduction du nombre de jours de distribution, qui pourraient passer à 5 jours par semaine au lien de 6, allonger les délais de distribution (fini la distribution le lendemain du dépôt de courrier), et enfin la concentration des boîtes aux lettres (ce ne serait plus le facteur ou la factrice qui se rendrait au domicile des usagers, mais ces derniers devraient se déplacer au centre de la localité pour retirer leur courrier).
En clair, il s’agit de flinguer les dernières missions de service public confiées à La Poste dans le secteur du courrier ! Toutes ces mesures n’auraient, en effet, pour effet que de dégrader le service rendu aux usagerEs. Pourtant, toutes les dernières élections ont montré le sentiment d’abandon ressentie par une part toujours plus grande de la population. Ce type d’évolutions ne peut que renforcer ce sentiment et faire le jeu du Front national !
Une réaction massive des postierEs mais également des usagerEs est plus que nécessaire. La renaissance de collectifs de défense des services publics, et notamment de La Poste lors de la fermeture de bureaux, est à ce titre encourageante !
Bruno Quignard