Le quinquennat Macron 2 va-t-il commencer avec le complet démantèlement de Renault ? Les informations se précisent…
Au cours d’une conférence tenue avec des analystes financiers et rapportée par l’agence de presse Bloomberg, les dirigeants de Renault ont annoncé vendredi 22 avril que « toutes les options étaient sur la table » pour le projet de séparation des activités thermiques et électriques, avec pour celles-ci une possible introduction en Bourse au second semestre 2023. Les alertes des syndicats Renault CGT Lardy et SUD Guyancourt sont donc confirmées. Les plans sont publics. Il suffit d’aller sur le Net pour les consulter. C’est un silence assourdissant de la part des organisations syndicales dites représentatives de Renault et plus largement du mouvement ouvrier. Comme tétanisé devant l’ampleur du démantèlement qui se prépare.
Séparer l’électrique du thermique
Tout n’est pas ficelé et plusieurs de ces informations peuvent être des ballons d’essai destinés à tester tant les investisseurs que les salariéEs. Il n’empêche que les lignes générales du démantèlement prévu sont maintenant dessinées. Renault serait divisé en deux parties, l’une regrouperait l’ensemble des activités électriques, l’autre rassemblerait les activités thermiques et s’adosserait à un partenaire industriel qui pourrait devenir majoritaire. Les ingénieries, les fonctions support et les usines seraient partagées entre les deux entités juridiques, celle des activités électriques étant déjà baptisée Ampère, et celles des activités thermiques Horse. La partie thermique qui regroupe moteurs hybrides et essence serait basée en Espagne et en Roumanie.
Dès avant l’application de ces plans, les usines Renault de Maubeuge, Douai et Ruitz sont regroupées dans une filiale à 100 % de Renault, ElectriCity. Les accords Renault signés précédemment y sont caducs : sous couvert de modernité technologique, une remise en cause générale des avantages acquis est à l’ordre du jour. Saucissonnage et divisions entre salariéEs s’amplifient encore.
Quant au site du centre d’études de Guyancourt, Renault prévoit de vendre dès cette année les bâtiments en devenant locataire de seulement trois quarts des surfaces occupées actuellement. Il faut bien adapter les surfaces au rétrécissement programmé des domaines d’activité.
Passé par la case prison
Dans le Monopoly de la compétition mondialisée entre groupes automobiles, Renault a reculé de plusieurs cases ces dernières années, celle de la prison avec son PDG escroc Carlos Ghosn, celle de l’alliance Renault Nissan paralysée suite à des rivalités de pouvoir capitalistique, et plus récemment la suspension des activités dans au moins une de ses usines en Russie.
En conséquence, au cours actuel de son action cotée en bourse, la capitalisation boursière de Renault a chuté et est aujourd’hui de 6,5 milliards d’euros, une somme égale au montant des actions que la firme possède dans Nissan. Pour les actionnaires et boursicoteurs, c’est comme si toutes les autres activités propres de Renault, usines, voitures fabriquées et savoir-faire des travailleurEs, ne valaient rien. Et c’est à ces jugements pourris que direction de Renault et gouvernement veulent se soumettre.
Un monde de start-up
Ils bavent au contraire devant les résultats du nouveau constructeur de voitures électriques Tesla qui a dépassé en novembre 2021 les 1 000 milliards de capitalisation boursière tout en fabriquant un million de voitures dans le monde en 2021, moins de la moitié des voitures Renault. Mettre sur le marché des actions une entité « électrique » issue de Renault, c’est espérer récolter quelques retombées de cette spéculation mais en se soumettant aux règles que fixe le nouveau leader Tesla. Dans son usine de Californie, on y produit des voitures certes high tech mais avec des conditions de travail copiées sur celles du début du siècle précédent : syndicats réprimés, horaires à rallonge, accidents du travail supérieurs à la moyenne de l’industrie aux États-Unis. Et son président mégalo Elon Musk est un nouveau copain de Trump. Voilà leur monde de start-up !
Rachats et scissions d’entreprises sont les terrains de jeu privilégiés de Macron et de ses équipes. Les affaires General Electric et Veolia Suez sont là pour témoigner de leur implication personnelle dans ce genre d’opérations. Alors que l’État est toujours actionnaire de référence de Renault, les plans actuels de démantèlement se font nécessairement avec le feu vert de Macron. Ce n’est pas une question industrielle ou financière, c’est une question politique !
Dans la campagne présidentielle, Philippe Poutou a expliqué que l’expropriation des grands groupes financiers et industriels était une condition nécessaire pour en finir avec le chômage, la précarité, l’austérité et le massacre de l’environnement. Le monde que Macron 2 nous prépare, c’est un monde fondé sur la privatisation « high tech » de start-up d’affairistes avec des droits mis en pièces pour les salariéEs. Et Renault serait un premier chantier pour ces projets !