Les fuites organisées à destination de la presse économique en avaient déjà présenté le principal. Le 8 novembre 2002, les investisseurs financiers en ont été informés officiellement dans une conférence organisée pour eux. Pour les salariés le Comité central social et économique de Renault (CCSE) n'a été réuni que la veille avec dans la foulée des réunions par établissement.
Une nouvelle société « Ampère » pour la production des voitures électriques
En France, ce sera la seule société à produire des voitures pour Renault. Cotée en bourse avec des nouveaux actionnaires, les salarié(e)s de cette nouvelle entité dépendront de nouveaux statuts. Accords d’entreprise et conventions collectives signées du temps de Renault ne s’appliqueront plus. Le but de l’opération clairement affirmé est d’attirer des capitaux en leur faisant miroiter une rentabilité supérieure à 10 %. Il n’y a pas de miracle : une meilleure rentabilité provient d’une exploitation accrue de la force de travail qui concourt à la production car c’est là que se trouve la source des profits. Et pour cela il faut en passer par la liquidation des droits acquis encore en vigueur pour les salarié(e)s de Renault.
Le capital de cette société Ampère sera partagé avec de nouveaux partenaires, à l'exemple du fabricant de microprocesseurs Qualcomm. Sa marge bénéficiaire annoncée pour l’année 20022 est de 30 %. Une telle entreprise ne va pas apporter des capitaux pour de faibles rentabilités ; l’engrenage à extorquer encore plus de plus value aux salarié(e)s est en marche.
Ils ont tous en référence la firme nord américaine Tesla qui fabrique des voitures électriques avec une capitalisation boursière de plus de 600 milliards de dollars dépassant largement toutes les autres firmes automobiles. Et cela avec une durée du travail étant allée jusqu’à 100 heures par semaine dans l’usine historique de la firme en Californie. Voilà leur monde dont ils vantent l’agilité !
La fin de la production Renault des voitures et moteurs thermiques, c’est pour tout de suite en France
En Europe d’ici à 2035 et dans le reste du monde après cette date, des voitures « thermiques » seront encore produites et vendues. On estime qu’en 2035, avec les dispositions prévues dans les différents pays, elles représenteront encore la moitié des voitures neuves fabriquées, soit près de 50 millions de voitures. De quoi générer activités polluantes et profits.
Etudes et production des motorisations thermiques et hybrides ainsi que celle des boites de vitesse seront assurées par une nouvelle entité au capital partagé entre Renault et un constructeur chinois, Geely. Cette entité ne fabriquera rien en France et intégrera les productions Renault en Espagne et en Roumanie. La question des véhicules utilitaires fabriqués à Sandouville et à Batilly n’est pas officiellement tranchée.
Ce partage 50/50 avec un constructeur chinois pour vendre et produire dans le monde entier est inédit dans l’organisation actuelle de la concurrence automobile mondiale. D’autant qu’il intervient au moment où les tensions entre les États-Unis et la Chine s’accentuent et où Stellantis indique qu’un départ de ce pays est envisagé.
Ne soyons pas naïfs : un tel choix relève de la géopolitique de l’impérialisme français aux manettes duquel il y a Macron. Renault vient déjà de connaître les conséquences de choix géopolitiques en Russie. Les salariés en subiront-ils à nouveau les conséquences, à commencer par celles et ceux d’Espagne et de Roumanie, les bases européennes de la nouvelle entité ?
Profiter du passage à la voiture électrique pour atteindre des rentabilités supérieures à 10 %
Les firmes automobiles savent se plaindre des réglementations qui les obligeraient à passer à la voiture électrique. Elles réclament et obtiennent subventions, primes pour l’achat de voitures électriques, et financement pour installer partout des bornes de charge pour les batteries. Des fonds publics, à hauteur de milliards d’euros sont mobilisés pour ce passage dont les vertus écologiques sont largement un leurre. Et c’est le moment où Renault et Stellantis affichent des rentabilités inégalées et s’organisent pour encore plus de profit.
La défense des droits gagnés et acquis par les salariés, le refus des licenciements et des suppressions de postes, les formations nécessaires pour continuer à travailler ici, les revendications d’augmentations de salaires rattrapant et correspondant à la hausse des prix : tout cela doit être défendu et nourrir les résistances.
Tout se tient : il faut empêcher les firmes automobiles de continuer à nuire contre le climat, les salariés et l’emploi. Ils utilisent la voiture électrique individuelle pour sauver leur industrie et comme une aubaine pour augmenter leurs profits. Assez de ce scandale ! Le démembrement de Renault au profit de quelques actionnaires rend plus nécessaire d’oser débattre de leur expropriation. Pour une primauté effective aux transports collectifs, pour le climat et aussi pour l’emploi et les salariés.