Publié le Dimanche 25 mars 2012 à 19h09.

Licenciements, fermetures : que faire ?

Malgré la forte tentation de tirer une fois de plus les débats politiques sur les questions de l’immigration et de la sécurité, les questions sociales s’imposent de manière exceptionnelle dans la campagne présidentielle.Alors que les « quartiers », les classes moyennes étaient au centre des séquences électorales précédentes, cette fois, chaque semaine les candidats sont présents devant une porte d’usine, rencontrent des salariéEs en lutte pour leur emploi. On est loin de la « biologisation » de la vie des entreprises et de l’emploi. Oubliées les célèbres déclarations de Parisot, « La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » ou celles, récurrentes, sur la vie et la mort inéluctables des entreprises. Oubliés aussi les aveux de Jospin, en 2002, à l’annonce de la fermeture de Renault Vilvoorde : « Je ne peux pas apporter une réponse à une question industrielle » ou aux suppressions d’emplois chez Michelin : « l’État ne peut pas tout ». Sarkozy « sauve » Lejaby ou Photowatt. Hollande promet une loi instituant « l’obligation de céder un site industriel si l’une des offres proposées reçoit la validation du tribunal de commerce et un avis positif des instances représentatives du personnel ». Bayrou prétend instituer une obligation de « produire français ». Mélenchon promet l’interdiction des licenciements boursiers.

Ce n’est évidemment pas spontanément que tous se présentent comme les plus ardents défenseurs du travail et de la classe ouvrière. Ce sont les mobilisations déterminées des travailleurEs de M-Real, Lejaby, Fralib, PSA, Arcelor, etc. qui ont imposé ces postures.

Mais promettre, magouiller des solutions provisoires ne suffit pas. L’urgence sociale demande des solutions à la fois immédiates et durables. Les salariés de Continental, après s’être battus pour la sauvegarde de l’usine, ont placé le plus haut la barre dans la logique du « faire payer » au maximum les patrons pour leur « forfaiture sociale ». Les New Fabris, Rencast, Molex et bien d’autres, ont dû se replier sur cette bataille pour la taille d’un chèque et une recherche bien aléatoire d’un nouvel emploi. D’autres ont, avec des succès plus ou moins complets, réussi à sauvegarder un site, une partie des emplois. SBFM, Fonderie du Poitou, Ford, autant de victoires significatives.

Mais la nouveauté réside dans la recherche de solutions alternatives posant la question de la propriété privée de l’outil de production. Chez Pétroplus, Arcelor, Fralib, les débats, les mobilisations tournent autour de l’appropriation par les salariéEs de la production, des outils de production. L’expropriation, la nationalisation, les Scop (société coopérative ouvrière de production devenue participative) des Scic (société coopérative d’intérêt collectif) autant d’alternatives qui constituent un socle aux mobilisations, à leur coordination, pour aller vers une concrétisation de l’interdiction des licenciements indissolublement liée à une réduction du temps de travail.

Robert Pelletier