Publié le Dimanche 25 mars 2012 à 19h54.

Licenciés pour avoir fait grève !

Sur le site d’Arcelor-Mittal Dunkerque, les salariés de la société Main-Sécurité, filiale d’Onet, qui contrôlent les entrées et sorties de l’usine, se mettent en grève après l’échec des négociations salariales, avec le soutien de la CGT. Avec un salaire net de 1 100 euros, pour un travail posté, dans des conditions précaires, avec des week-end et même des nuits, réclamer 80 euros n’est pas un luxe ! Ils organisent des barrages filtrants aux portes de l’usine.

C’est déjà l’entreprise sous-traitante qui entre en lutte sur le site : c’est trop pour Arcelor qui craint la contagion. Pression est mise sur la société pour qu’elle ne cède rien. Pour casser le moral des salariés, à quatre reprises on les invite à négocier… pour proposer zéro augmentation. Le sous-préfet les menace de leur retirer leur agrément (sans lequel ils ne peuvent plus travailler). Et pour bien faire comprendre à tous les travailleurs du site les dangers des revendications et de la lutte, Arcelor et Onet décident de licencier onze grévistes : ils sont « mis à pied à titre conservatoire », c’est-à-dire sans salaire, en attente des « entretiens préalables au licenciement ». Parallèlement, Main-Sécurité embauche neuf CDI : il s’agit bien de remplacer ceux qui ont lutté ! Ce coup bas est permis par une véritable manipulation de la direction d’Arcelor : alors que la tempête paralyse toute la région Nord, qu’il souffle un vent à décorner les bœufs, un huissier vient constater que ces salariés ne sont pas au milieu des voies d’accès pour faire leur travail, mais à l’abri dans le poste de garde, comme à chaque fois que les éléments sont démontés, et comme tous les travailleurs de l’usine.

Ces salariés menacés de licenciement se retrouvent aujourd’hui dans une situation dramatique, sans salaire, alors qu’ils ont charge de famille.

La solidarité s’organise avec le soutien de la CGT et l’appel aux responsables politiques, dont Philippe Poutou, pour empêcher ces licenciements. Car touTEs les travailleurEs sont concernés : c’est ici la politique patronale qui est à l’œuvre pour augmenter les profits. Après avoir externalisé le maximum de tâches dans les usines, ils accentuent la pression sur les salariés par la précarité et la peur, pour qu’ils se contentent du strict minimum, un salaire de survie. C’est un formidable retour en arrière, les patrons agissent comme si le code du travail n’existait pas, et en particulier le droit de grève.

Correspondant Dunkerque, le 13 mars