Publié le Samedi 26 novembre 2011 à 11h46.

M-Real : expropriation, vite !

Après plus d’un mois, la quasi-totalité du personnel de M-Real, à Alizay (Eure), s’est prononcée pour le déblocage du site et un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui prévoit certes des conditions qui pourraient paraître satisfaisantes, mais surtout les premiers départs en avril 2012.

C’est qu’il arrive un moment où il faut, comme lors du long combat pour l’unité de pâte à papier en 2010, mener la lutte pour le meilleur PSE possible de front avec le combat contre la fermeture. Une course contre la montre. Du dépôt massif de plaintes pour harcèlement moral contre le PDG à l’audience à l’Élysée, en passant par une procédure au plan européen pour entente illicite entre groupes papetiers, tout est mis en œuvre pour forcer la maison mère, la coopérative forestière finlandaise Metsälitto, à vendre à l’un des trois candidats. Mais là, on bute sur le droit de propriété, et ces interlocuteurs se révèlent surtout prodigues en belles paroles, même si les mots « scandale » et « inacceptable » fleurissent.

La communauté de communes (de droite) a bien suivi le maire PCF d’Alizay et voté unanimement en faveur de « l’expropriation pour cause d’utilité publique » pour permettre la reprise par l’un des prétendants. Mais elle n’est appuyée ni par le conseil général et la Région, de gauche, ni bien sûr par l’État. C’est la foire aux hypocrites : ce serait « mal fondé en droit, trop long, trop coûteux… » Manifestement, pour ces gens-là, le droit à une existence digne pour 650 familles ne relève pas de l’utilité publique. Bien respectueux de l’ordre capitaliste, ils sont tout juste capables de pressions indirectes dont on peut mesurer l’inefficacité.

Le « travail » a donc repris le 18 novembre. En levant le blocus, les travailleurs ont libéré le stock de papier, mais les machines et les équipements ne bougeront pas sans l’accord du comité d’entreprise (CE). Trois éléments ont fait pencher la balance : la direction n’aurait pas continué à payer les grévistes plus longtemps, l’obtention d’une prime de 3 000 euros brut – la moitié versée avant la reprise – avec, fait notable, 1 500 euros pour les 43 salariéEs UPS de la logistique externalisée, qui ont été de tous les coups, et la conviction de ne pas pouvoir peser plus lourd dans la balance en continuant, forcément moins nombreux et divisés. Or, après la journée « redémarrage » et son formidable écho populaire et médiatique, après de multiples actions spectaculaires seuls ou en lien avec des boîtes de la région rouennaise, le verrou n’a pas encore sauté : Metsällitto refuse toujours de vendre.

Vite, la mobilisation doit reprendre comme avant la grève : avec le collectif unitaire, par des actions impliquant essentiellement les équipes de factionnaires en repos, pour mettre le doigt sur ce scandale social : c’est justement parce que l’usine peut vivre avec tous ses emplois que Metsälitto ne veut pas la vendre. Car comme ses « concurrents » Stora Enso ou UPM, ils ferment des usines pour faire monter les prix. On peut encore leur faire mal en s’en prenant à leur image, eux qui tiennent tant à afficher leur « éthique »…

CorrespondantEs

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