Publié le Lundi 28 mai 2012 à 10h52.

McDo : des méthodes de gangsters

Alors que les salariés du McDonald’s de La Valentine à Marseille 11e revendiquaient sur les conditions de travail, le nouveau patron leur a répondu par des licenciements et des intimidations violentes perpétrées par des nervis extérieurs à l’entreprise. Le 19 mars, alors que les salariéEs venaient de se mettre en grève, une douzaine de vigiles sont entrés dans l’établissement, menaçant les grévistes, les dévisageant, les filmant et les menaçant de représailles.

Encore plus fort, à partir du 28 mars, le chef de la bande de vigiles devient le nouveau responsable sécurité du restaurant. En avril, les menaces se transforment en véritables agressions avec des menaces de mort : deux salariéEs sont molestéEs, entraînant respectivement sept et cinq jours d’arrêt de travail. Des salariéEs du restaurant d’Aubagne venus apporter leur soutien sont à leur tour menacéEs et agrésséEs.

Des salariés ont subi des menaces avec une arme blanche, et ont été passés à tabac devant femmes et enfants et sous les yeux du directeur du restaurant qui encourageait ces personnes en criant « tuez-les, tuez-les » en présence d’un huissier de justice, et des plaintes ont été déposées. La scène a été filmée par les caméras du restaurant. Le directeur s’est fait surprendre par un délégué syndical en train de communiquer la vidéo et de revendiquer ses actes.

Le samedi 12 mai, les salariéEs de La Valentine ont décidé d’intensifier leur lutte en décrétant une occupation « jour et nuit » du restaurant. « Nous resterons sur place tant que des négociations ne seront pas ouvertes comme cela est demandé par l’inspection du travail », a déclaré Antoine Mendy, délégué CGT. Soutenus par les militants des entreprises avoisinantes et des unions locale et départementale CGT, les salariéEs ont bloqué toutes les portes de l’établissement pendant que les vigiles tentaient de briser les chaînes. Bousculades, échauffourées, interdiction de sortie de journalistes ont fait monter la tension. Il faudra l’intervention d’un huissier, des renseignements généraux et de l’inspection du travail pour que la direction accepte de faire lever le « siège » par les vigiles et l’ouverture des négociations. Celles-ci ne sont toujours pas ouvertes, la direction semblant même remettre en cause l’annulation des licenciements, préalable à toute négociation.

Entre-temps, alertés par les « occupantEs », des militants syndicaux et politiques étaient arrivés en nombre sur place, pour soutenir la lutte.

Les salariéEs de ce restaurant se sont distinguéEs par une combativité qui leur a notamment permis d’obtenir un treizième mois et un accord de participation. La restauration, comme le commerce ou le nettoyage, sont des secteurs où les activités syndicales et revendicatives sont tout juste tolérées et les équipes syndicales violemment combattues quand elles refusent de collaborer. Le soutien des équipes syndicales alentour, des unions locales et départementales est indispensable pour briser l’isolement et bloquer la répression. Ce soutien, renforcé par les organisations politiques locales (PCF, NPA, FdG), présentes lors de l’occupation,  expliquent en grande partie le premier recul de la direction. Mais seul le maintien de ce rapport de forces pourra faire renoncer la direction à sa politique répressive et faire gagner les salariéEs sur leur revendications pour les salaires et les conditions de travail.

Robert Pelletier