STMicroelectronics est une grosse entreprise du CAC40 comptant plusieurs milliers de salariéEs. Les États français et italien en sont actionnaires à hauteur de 25 %. On est au cœur d’une industrie actuellement clef : la microélectronique. Les enjeux sont énormes : politiques, économiques, industriels et financiers pour l’État et le patronat mais sociaux et écologiques pour nous !
L’État français vient d’annoncer une aide de 2,9 milliards d’euros pour STmicro, participant ainsi significativement aux 7,5 milliards d’investissement prévus pour l’extension du site de production de Crolles (38). Ces annonces s’inscrivent dans la continuité d’années de financement public dans le cadre des plans Nano 2012, Nano 2017, du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), etc. Mais on n’avait encore jamais atteint de telles sommes d’argent public déversées pour soutenir ce secteur industriel. Ces investissements s’inscrivent dans le cadre d’un partenariat avec Global Foundries (GF) qui reste pour l’instant à confirmer.
150 intérimaires remerciéEs
Dans le cadre de ce plan d’investissement, il a été promis la création de 1 000 emplois ; ce qui fait quand même 2,9 millions par emploi… On est en droit de se demander s’il ne serait pas plus urgent et utile de créer des emplois dans la fonction publique, hospitalière notamment. D’autant plus que pendant que PDG et ministres signent des engagements en stylo doré, se sont 150 intérimaires qui sont remerciéEs à la suite à une baisse des commandes. On ne peut pas dire que STMicro soit à la pointe en termes de politique sociale : recours à l’intérim alors que la production ne cesse d’augmenter depuis des années, politique salariale bien en deçà de l’inflation, discrimination sexiste, répression contre les grévistes et les militantEs syndicaux… En revanche les actionnaires sont, eux, régulièrement bien servis.
Conditions de travail dégradées
De plus, cette augmentation de la production se fait à marche forcée. Les délais imposés pour le chantier de l’extension sont impossibles à tenir et la coactivité que cela impose engendre des accidents parfois graves : 3 chutes de grande hauteur se sont déjà produites en à peine une année, un salarié est mort en effectuant un débroussaillage lié à l’extension et un autre dans un accident de trajet. Dans les parties de l’usine déjà en fonctionnement, les incidents se multiplient car la priorité est donnée à la production sur la sécurité des travailleurEs. Et comme partout lorsque les conditions de travail se dégradent, les situations de tensions, voire de harcèlement et de burn-out sont plus nombreuses.
Enfin, on peut s’interroger sur la finalité de tout cela… Si certaines puces peuvent être utiles (imagerie médicale, communication…) beaucoup d’autres applications sont inutiles (brosse à dent connectée, localisation des chats…) voire nuisibles (applications militaires, reconnaissance faciale…). Rappelons aussi que cette production nécessite l’extraction de terres rares dans des conditions terribles en Afrique, consomme des quantités d’eau et d’énergie astronomiques, se fait dans une usine SEVESO…
Alors, avant d’investir 2,9 milliards dans cette usine, on voudrait avoir notre mot à dire, nous les salariéEs, les habitantEs, les utilisateurEs, les habitantEs de la planète. Mais notre avis, dans la dictature du profit, l’État s’en fiche…