Publié le Lundi 16 novembre 2020 à 09h10.

Microélectronique : se battre pour les salaires en période de COVID, c’est possible !

STmicroeletronics, entreprise du CAC 40 qui ne connait pas la crise, est connue dans le secteur pour sa politique salariale lamentable. Mais 0% d’augmentation alors qu’elle prévoit un chiffre d’affaire de près de 10 milliards de dollars et a distribué 165 millions de dollars de dividendes, c’est vraiment « cracher à la gueule » des salariéEs. Et c’est bien ce mépris qu’ont ressenti les travailleurs/euses de Crolles et de Grenoble.

Depuis maintenant plus de deux semaines, les débrayages se suivent à l’appel de l’intersyndicale CGT/CFDT/CAD (syndicat autonome de la boîte). Toutes les équipes sont mobilisées que ce soit le jour, la nuit ou le week-end. Environ 450 grévistes, sur 4000 salariéEs, sont mobiliséEs. La revendication portée par les salariéEs est une augmentation de 100€ brut pour touTEs.

La direction ne lésine pas sur les moyens pour faire cesser la grève : promesses de promotions individuelles, convocation des grévistes pour leur mettre la pression, managers présentEs à tout heure du jour et de la nuit sur le parking pour détourner les salariéEs du piquet de grève… En l’absence de réponse de la direction, la mobilisation tient bon et la CGT a mis en place une caisse de grève pour soutenir celles/ceux qui ont des difficultés financières1.

Plusieurs éléments ont rendu possible cette mobilisation. D’abord la CGT avait mené une grosse bataille sur les conditions de travail en période de COVID ce qui permet à chacunE de venir aujourd’hui à peu près sereinement travailler malgré la deuxième vague. Ensuite, le fait que l’appel se fasse en intersyndicale est un élément déterminant. L’absence de la CFE-CGC (quoiqu’on pense de ce syndicat) rend, de fait, plus difficile la mobilisation des ingénieurEs même s’ils/elles sont plutôt plus présentEs qu’habituellement. Le dernier élément est la bonne santé de l’entreprise malgré la crise : impact très limité de la 1ere vague sur la production, carnets de commande plein au-delà du réalisable, projets d’investissements et dividendes versés aux actionnaires malgré le contexte. La revendication de 100 € est amplement légitime !

Reste à maintenir et étendre la mobilisation pour faire plier une direction qui, comme l’ensemble du patronat actuellement, se croit tout permis ! Une autre répartition des richesses est possible mais il faut que le rapport de force change de sens et c’est au cœur des entreprises que cela se joue.