Il n’est jamais question de caméras de surveillance à installer dans les bureaux des dirigeants d’entreprise, ni bien sûr d’intervention policière pour faire respecter le droit des salariéEs. Et pourtant la délinquance et une violence diverse dans les entreprises existent vraiment et se renforcent même au fil des années de crise.
Combien de licenciements abusifs, combien d’intimidations, de harcèlement contre celles et ceux qui osent défendre des droits collectifs, combien de menaces, combien de précaires viréEs du jour au lendemain, combien de non-respects de la réglementation en ce qui concerne la santé au travail ? Dans quelle mesure la crise sanitaire a-t-elle intensifié pressions et violences patronales, presque inévitables tant l’impunité constatée encourage les dérives.
Colère salutaire des ouvriers de Cerexagri (Bassens)
C’est contre cette violence quotidienne que les ouvriers de Cerexagri à Bassens ont fait grève pendant près de trois semaines : pour de moins mauvais salaires, pour leur santé, pour qu’ils soient traités correctement, pour leur dignité ! C’est dingue, on en est là aujourd’hui. Et ils ont réussi à obtenir quelques améliorations mais surtout ils ont réussi par leur lutte collective à de faire entendre, à se faire respecter. La grève est finie mais la lutte va continuer à coup sûr car l’ambiance a bien changé dans l’usine.
Agression à Magna (Blanquefort)
Et puis il y a l’exemple tout récent des salariéEs de l’usine Magna (ex Getrag, ex “petite sœur” de l’usine Ford) à Blanquefort. Une partie d’entre eux alertent depuis quelques mois sur les menaces qui pèsent sur l’avenir de l’usine et des 800 emplois directs. La direction ne supporte pas la contestation et la médiatisation de cette contestation. Alors elle essaie d’intimider, en convoquant et menaçant de sanctionner (jusqu’au licenciement !) trois délégués syndicaux.
La démocratie n’existe pas dans une entreprise, pas question de quelconque valeur de la république, les patrons sont chez eux et se comportent parfois comme des seigneurs avec les pleins pouvoirs. La répression est un moyen de casser la résistance, de briser ou de se débarrasser des gens gênants pour les faire taire. Une mobilisation est prévue le mardi 27 avril devant l’usine pour dénoncer ces agissements et construire un mouvement de solidarité.
Et ailleurs ? Trouver les forces pour ne plus se laisser faire.
D’autres exemples de répression existent partout mais la plupart ne sont pas connus. Car de nombreux travailleurs/ses subissent souvent en silence les abus et les agressions patronales, parce que isoléEs ou fragiliséEs, parce que n’ayant pas les moyens de répondre. Parce que aussi, les pouvoirs publics laissent faire, ferment les yeux, ne se donnent plus les moyens de protéger le monde du travail, cherchent de moins en moins à faire respecter les droits sociaux quand ils existent encore.
Comme pour toute chose, la seule façon d’empêcher cette violence, c’est de la dénoncer, de la rendre publique, c’est de riposter, de nous défendre, de nous occuper de nos conditions de travail, de nos emplois, de nos vies, de nous solidariser de nos collègues, des gens autour de nous. De résister. Pas si facile que cela à faire car on a beaucoup perdu en confiance en nous-mêmes mais nous n’avons pas d’autre choix que de mener la bataille.