Après onze mois de lutte, les salariés de Molex ont dû accepter, la mort dans l’âme, un plan social qui entérine 283 licenciements.
Les salariés sont amers car une « prime-valise » n’a jamais été leur objectif. Le protocole, signé au ministère de l’industrie, accepte le diktat des patrons américains : liquidation du site de Villemur-sur-Tarn et transfert de la production.
L’État octroie un prêt aux patrons pour capitaliser une société écran qui sera cédée ensuite à un fonds de pension à risques, HIG Capital. L’engagement du gouvernement ne porte que sur la création de 60 postes au maximum d’ici un an.
Face à cette multinationale de choc et à un pouvoir qui les soutient la lutte était-elle perdue d’avance ? Pas si simple. Au cours des onze mois de lutte, la conscience a progressé. La sollicitation des élus a été remplacée par la volonté d’agir soi-même, c'est-à-dire dans le cadre d’un collectif des travailleurs mobilisés.
Dans le collectif, des animateurs de la lutte ont posé une question fondamentale : a-t-on besoin des patrons, des actionnaires pour faire tourner la boîte ? Une question que les militants du NPA traduisaient dans leurs tracts par « réquisition et autogestion ». Ces discussions ont eu lieu mais n’ont pas convaincu le collectif. Même l’interdiction des licenciements, pourtant légitime à leurs yeux, n’a pas été portée formellement, les Molex préférant faire la démonstration que le site était « viable ».
Il est présomptueux de dresser en quelques lignes tous les enseignements d’une longue lutte mais l’on peut tracer certaines pistes de réflexion pour avancer. Le niveau de conscience ne peut être le même pour tous au sein d’un collectif qui se bat dans un contexte de crise sans précédent du capitalisme et pouvant conduire à un certain fatalisme.
Des résistances multiples existent parmi les salariés victimes des licenciements, et certains oeuvrent à les faire converger, comme l’a démontré la journée du 17 septembre. Les salariés, au pied du mur, sont obligés de constater l’absence de convergences fortes, les directions et directives syndicales n’offrant aucune perspective d’ensemble et semant des illusions, sans pour autant voir leurs orientations critiquées.
Malgré cela, chez les Molex, la volonté de chercher des soutiens à l’extérieur et de soutenir d’autres luttes (répression à EDF-GDF, Freescale) a toujours été présente. Ce qui révèle leur conscience d’appartenir à une même classe opprimée et victime d’un système injuste et inique.
Les réponses à opposer à ce système ne sont pas si évidentes à porter de manière collective au niveau d’une entreprise qui ferme, sans mobilisations d’ensemble, les revendications les plus légitimes n’apparaissant pas les plus simples à mettre en avant. Cependant les Molex ont indiqué un chemin à suivre, tout simplement celui de la lutte nécessaire.
Myriam Martin