Un an après la lutte contre le licenciement illégal d’un ouvrier d’Etat à la Monnaie, où l’on avait imposé la reprise de notre camarade après neuf jours de grève, la direction vient de tenter de remettre ça avec un salarié contractuel. Rien que la méthode éclaire le fond : le jour de son départ en congé, ce collègue du service qualité apprend par son chef de service qu’il doit passer au service RH juste avant de débaucher… sans rien lui dire sur la nature de l’entretien ! Là, il apprend qu’il est convoqué, à son retour de congé, à un entretien préalable à licenciement pour motif « d’insuffisance professionnelle » !
Rapidement, la nouvelle a scandalisé dans l’usine. Parmi les ouvriers qui s’étaient battus l’an dernier, un bon noyau disait clairement qu’il fallait faire la même chose, en dénonçant : « et demain, à qui le tour ! ». Cela a donné confiance à beaucoup de contractuels, parfois récents dans l’usine, qui ont dit qu’ils étaient prêts à faire grève. Dans les discussions, beaucoup revenaient sur la loi Travail, la banalisation des licenciements aujourd’hui et la facilité avec laquelle un chef de service peut jeter un salarié à la rue.
En plus, dans cette affaire, tout le monde a le sentiment que la direction de Pessac cherche un « lampiste » pour tenter de se dédouaner des problèmes qui se multiplient. Depuis des années, celle-ci ne remplace que très peu les départs à la retraite d’ouvriers. Par contre, elle dépense sans compter dans les experts en « management » censés nous expliquer comment travailler. Au final, de réels savoir-faire s’en vont, des tâches ne se font plus, en particulier dans le contrôle et surtout tout se fait dans l’urgence. Pas étonnant que les dysfonctionnements deviennent la règle. Après, il est facile d’accuser un salarié en le rendant responsable des problèmes de qualité !
Toute cette situation pèse en ce moment et pas seulement parmi les ouvriers. La petite maitrise et une bonne partie des chefs d’atelier en ont assez et ont voulu le dire, d’autant que dans ce service qualité, un certain nombre d’entre eux ont déjà été sanctionnés ou mutés. Du coup, pour la première fois depuis longtemps, la CGT côté ouvriers et l’UGICT avec FO côté cadres et agents de maitrise, ont appelé à la grève pour le jeudi 26 octobre, jour prévu de l’entretien préalable à licenciement du collègue.
Une fois les préavis envoyés, la direction centrale de Paris a décidé de reculer l’entretien au 15 novembre, sous la direction du DRH central et non de celui de Pessac. Malgré cette annonce surprise, tout le monde a décidé de maintenir la grève, contre le licenciement et pour dénoncer la situation sur l’usine. Du coup, la veille de la grève, notre collègue recevait l’annulation officielle de la procédure de licenciement avec maintien d’un entretien avec le DRH le 15 novembre.
Le lendemain à l’AG, nous étions nombreux et évidemment très contents, devant l’usine paralysée. Même si nous restons vigilants, c’est un recul important de la direction qui prouve qu’on peut les faire céder, par notre solidarité et notre force collective.
Laurent Delage, Anticapitalistes ! NPA33, n°76